Le haut-commissaire à la réinsertion des ex-combattants, ninjas notamment, Landry Euloge Kolelas devrait commencer sa mission par la réinsertion d’environ 1.000 ex-combattants ninjas, sortis ou attendus des forêts du Pool. L’Union européenne et les Nations Unies se disent prêtes à apporter les financements.
C’est la case départ ! Le Congo envisage de réinsérer les jeunes ayant combattu auprès du pasteur Ntumi dans les forêts du Pool. Depuis la fin des années 1990, le pays s’est engagé dans un cycle de « remise-reprise » concernant les ex-combattants. Tous les partenaires y sont presque passés : Banque mondiale, PNUD, UE, OIM ont mis la main dans la patte.
Même quand le pasteur Ntumi a accepté travailler auprès du président de la République, en tant que ministre délégué chargé de la réparation des séquelles de guerre, il y avait encore un groupe de quelque 5.000 ninjas à réinsérer. Finalement, à quoi se résume cette réinsertion qui a englouti de faramineuses sommes d’argent ? Très souvent, le programme apporte les tôles, les pointes ou les kits de maraichages ou quelques têtes d’animaux pour relancer l’élevage.
Si dans la Lékoumou, la Bouenza et dans le Niari, les ex-combattants assistés ont pu sortir la tête de l’eau et détiennent aujourd’hui quelques affaires leur permettant de tourner définitivement le dos à la violence, dans le Pool, aucun projet semble avoir abouti. Les meilleurs discours politiques (genre plus jamais ça) ont été prononcés, les plus beaux gestes y ont été démontrés pour inviter les ninjas à revenir dans la vie sociale. Mais les résultats ne peuvent pas être évalués sur les doigts d’une main.
C’est l’éternel recommencement ! Après Michel Ngakala, Joseph Mbossa et Norbert Dabira qui ont géré ces programmes de réinsertion des ex-combattants, le relai est passé à un fils du Pool, certainement qui connait mieux le phénomène. Dans les années 1990, son père, feu Bernard Kolelas a été à l’origine des ninjas dans le pays. Très souvent, on raconte à Bacongo et à Makélékélé, leur fief, que les ninjas de « Ta Kolelas », n’existent plus depuis bien longtemps. Et comment faire pour que ceux de « Ta Ntumi » aussi disparaissent ? Les populations n’en veulent pas, elles sont attachées à la paix.
A chaque fois, les jeunes retombent facilement dans la violence, au prix du sacrifice de leurs biens voire de leur vie. Depuis plus d’une vingtaine d’années, de nombreux jeunes du Pool qui combattent dans les forêts n’ont pas été scolarisés. Très peu peuvent nourrir des rêves de réussir en passant par l’université. Le peu qu’ils essaient de constituer est pillé ou détruit lors des combats acharnés. Et bout des conflits, ils sont rappelés pour se faire inscrire pour une nouvelle réinsertion.
Le problème devrait être réglé autrement. Les acteurs politiques qui enrôlent les jeunes dans leurs querelles doivent favoriser le dialogue. Les vertus du dialogue ont une fois été vantées devant la tribune des Nations Unies par le président Denis Sassou N’Guesso. Il faut donc y aller sans mettre les gants. Avant de désarmer les jeunes, il faut d’abord désarmer les acteurs politiques qui nourrissent pendant des années une haine viscérale à vouloir s’autodétruire par les armes à feu. Les jeunes n’y sont pour rien, il s’agit des instruments dont se servent les plus riches pour se hisser dans une position politique. C’est pourquoi, commencer à réinsérer les ex-ninjas sans que les conclusions politiques de cette crise ne soient connues, reste une simple charrue avant les bœufs.
En plus 1.000 ex-combattants, c’est un nombre très bas de tous les jeunes embrigadés dans les forêts du Pool. Sérieusement, un recensement serait un préalable avant que la grande et dernière opération de réinsertion des ninjas soit lancée. Le Pool ne demeurera pas le réservoir des ninjas, alors que ces jeunes ont pu démontrer de quoi ils sont capables dans la production maraîchère, animale et fruitière. Le coup de pousse doit toucher tout le monde.
C’est ici où la créativité du haut-commissaire Kolelas est attendue.