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Le 4-Mars à Brazzaville, cinq ans après

Cinq ans après l’explosion du dépôt de munitions de Mpila à Brazzaville, les populations gardent de grands souvenirs de ce dimanche apocalyptique. Les survivants ont peine à oublier le drame, alors que plusieurs propriétaires de maisons détruites attendent toujours d’être relogés chez eux. L’Etat a énormément investi dans ce drame, depuis la prise en charge des victimes jusqu’aux indemnisations des ayants-droit.

Plusieurs quartiers de Talangaï, la commune secouée par cette explosion, ne se sont pas encore remis du drame. Les quartiers Yoro et Kanga Mbandzi ne sont pas totalement sortis de l’hécatombe du 4-mars. On trouve encore des maisons bousillées par les explosifs et qui sont aujourd’hui transformées en décharges publiques. Il s’agit notamment de la plupart des parcelles dans le voisinage du petit marché de Yoro. « Nos parents sont désormais attaqués par les tensions artérielles, parce que leurs maisons ne sont pas encore rebâties, cinq ans après c’est le désespoir », affirme Chimène, une habitante de Yoro.

 

Actif sur un échafaudage, Joseph refait le mur de sa maison, détruite pendant cette journée du 4-mars. Avec les moyens de bord, il essaie de se redonner une nouvelle vie. « Avec l’Etat, on attendra longtemps et les maisons resteront des ruines. C’est pourquoi, avec un sac de ciment à 4.000 francs CFA, j’essaie de faire quelque chose », témoigne Joseph, lui-même maçon de son ouvrage.

En face de son domicile, se trouvent de nouvelles maisons construites par le gouvernement sur le site de l’ancienne caserne des blindés de Mpila. Des immeubles de beaucoup de niveaux construits pour servir de logements sociaux. Pour l’instant, ils ne sont pas encore occupés et les survivants du 4-mars se demandent sur l’usage dont on en fera. « Ils ont construit au camp là où y avait des explosions, mais ils oublient que nous aussi nous sommes là, nous attendons », indique un voisin des nouvelles maisons.

A 753, un autre quartier touché par cette explosion, le gouvernement a refait quelques maisons détruites ou lézardées par le choc explosif. Si la plupart des bénéficiaires de l’œuvre de l’Etat font la fine bouche, certains reconnaissent quand même avoir profité aujourd’hui de nouvelles maisons modernes. « Avant le 4-mars, ce quartier n’était pas comme ça. Des maisons ont été reconstruites ou réhabilitées, on a mis la peinture et c’est devenu très beau. C’est vrai qu’il y a des voisins qui ne le reconnaissent pas »,  note pour sa part Edgard, un natif de ce quartier.

Plusieurs familles ont également été relogées à Kintele à une trentaine de kilomètres de Brazzaville. Elles ont passé cinq ans dans ce site. Elles ruminent des conditions qui ne seraient pas bonnes, mais surtout de l’absence des autorités. « Aucune visite, personne ne vient nous voir ici. Depuis qu’ils sont venus nous jeter ici, ils ont oubliés que nous existons », témoigne Norbert, un sergent des Forces armées congolaises.

Depuis ces explosions, l’Etat a initié une série d’actions à l’endroit des populations victimes. Des soins médicaux, la prise en charge des obsèques et un forfait pour sinistre de 3 millions de francs CFA, l’Etat est passé à la réparation des maisons. Un programme de construction des maisons sociales, déjà amorcé avant cette explosion, a pu être mené à terme. Des activités chiffrées à des centaines de milliards de francs CFA. Les populations n’attendent que bénéficier entièrement de ces actions. Ce 4 mars 2017 devrait servir de recueillement pour les quelque 300 personnes péries dans cette catastrophe, mais aussi de penser à l’avenir des enfants délaissés et des familles qui dorment encore sous les décombres à Mpila.