Les Brazzavillois réagissent à l’opération de police contre les médicaments de la rue
Les populations de Brazzaville sont remontées contre la mesure de la police qui a cassé le 9 juillet sur l’ensemble du pays les dépôts et boutiques des vendeurs de médicaments dits de la rue. Pour ces Congolais, les médicaments de la rue leur sauvent la vie en cette situation de crise financière où les produits pharmaceutiques coûtent cher.
Pauline Massamba, mère de famille, était consternée devant le spectacle des boutiques éventrées, des étagères vides, après le passage de la police. « Les autorités veulent nous tuer tous. Ce sont les mêmes produits qui sont vendus dans les pharmacies et les marchés. Est-ce qu’ils se rendent compte des prix des médicaments dans les pharmacies. Avec 100 francs CFA, nous achetons la plaquette du paracétamol, alors que dans la pharmacie, elle coûte 500 francs CFA. Si ces petits commerçants nous tuent avec leurs médicaments, qu’est-ce que le gouvernement fait pour nous faciliter l’achat de ces médicaments à moindre coût ? », s’est-elle plaint.
Willfrid Toungassana, vendeur de ces produits, fustige la chasse et le tort qui leur est fait. « Si les autorités pensent que nos médicaments tuent : pourquoi alors sont-elles venues les chercher lors du 4 mars 2012 ? Le gouvernement a été incapable de faire face à la demande médicale, il est venu se ravitailler chez nous. J’ai donné des médicaments d’une valeur de 500.000 francs CFA. Nos médicaments sont même utilisés dans les hôpitaux. A ce moment, ils ne tuent plus ? », a-t-il fulminé.
Christ Bakatoula, un autre vendeur ne comprend pas les agissements de la police qui a mené cette opération. « Les policiers ont fait irruption dans nos dépôts et boutiques en prenant médicaments et argent. C’était un pillage. Nous n’étions pas avertis, ils n’ont pas non plus laissé de convocation. Que va-ton devenir ? Veulent-ils que nous devenions tous des hors la loi ou des criminels ? Aux miliciens, il est proposé l’achat des armes, pourquoi n’ont-ils pas fait la même chose à notre égard ? », s’est-il indigné.
Mélanie Makoula pense que le phénomène de médicament de la rue ne pourra jamais être éradiqué si les frontières restent poreuses. « Il faut mener la lutte aux frontières. Tant qu’elles resteront ouvertes, ces médicaments entreront toujours. Et tant que le niveau de vie des populations ne sera pas relevé, les populations feront toujours recours à ces médicaments », a-t-elle précisé.
De mémoire, Willfrid Toungassana se souvient que cette opération de razzia avait déjà été menée, mais ils finissent toujours par reprendre leur activité. « Les populations ne peuvent pas uniquement se soigner avec les produits de la pharmacie. Elles n’ont pas les moyens qu’il faut. Nous leur rendons un grand service », a-t-il conclu.