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Le général Mokoko est évacué en Turquie sans son médecin

Le gouvernement a affrété le 30 juillet un avion médicalisé au profit du général Jean Marie Michel Mokoko qui bénéficie d’une évacuation sanitaire à Istanbul en Turquie. Mais l’opposant congolais ne voyage pas avec son médecin personnel, car ce dernier a été débarqué in extremis à l’aéroporté international Maya Maya où l’avion de l’officier a décollé à 11h28.

Le général Mokoko et son médecin avaient pourtant obtenu le visa pour la Turquie. A la veille du voyage, toutes ces questions ont été évoquées et conclues. La décision de laisser le médecin sur le tarmac n’a pas été justifiée par les autorités qui financent et supervisent cette évacuation sanitaire. Mais, c’est plutôt des agents de sécurité congolais qui accompagnent le général Mokoko jusqu’à Istanbul. Le voyage entre Brazzaville et Istanbul dure près de 14 heures.

L’évacuation du général Mokoko est une réponse à la demande du collectif de ses avocats adressée aux autorités. Maître Eric Yvon Ibouanga a été avec l’opposant à l’hôpital militaire, juste avant son départ pour l’aéroport. « Il m’a rassuré qu’il était combatif et serein. Je l’ai trouvé avec un mental de fer, mais un peu fatigué par la maladie, ce qui est naturel », a-t-il témoigné.

L’avocat a aussi demandé aux autorités congolaises d’accéder enfin à la demande du groupe de travail des Nations Unies qui exige la libération totale et l’indemnisation pour l’ancien chef d’état-major général.

La société civile a fait feu de tout bois pour obtenir cette évacuation sanitaire. Elle se dit satisfaite et soulagée. Mais le directeur exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) reste inquiet suite à l’incident survenu à l’aéroport. « Aux dernières nouvelles, le médecin du général a été empêché de prendre l’avion. Nous sommes inquiets pour cela. Mais nous espérons que les autorités turques vont prendre toutes les dispositions nécessaires pour garantir au général les soins de santé. De toute façon, nous sommes déjà en contact avec les amis des droits de l’homme de ce pays », a indiqué M. Nzila Kendet.

Les tractations en vue de l’évacuation sanitaire de cet opposant de 78 ans ont démarré à son admission le 2 juillet à l’hôpital militaire pour des problèmes cardiaques. L’homme avait été suspecté de contracter la covid-19, un diagnostic bien après abandonné au profit d’un « paludisme sévère ».

Pour certains observateurs, ces tractions ont trop retardé l’évacuaton sanitaire. Ce que rejette le juriste Christian Bouanga qui met en avant le statut du patient. « D’aucuns, c’est un prisonnier politique, d’autres, c’est un prisonnier de droit commun. Cela a provoqué une certaine hésitation de la part des autorités qui devraient s’entourer des garanties sur le retour du général à ce qui est désormais son lieu habituel qui est la maison d’arrêt de Brazzaville, en cas de guérison », a-t-il expliqué, arguant que « tout cela donné lieu à des interrogations, à des supputations aux termes desquelles il a finalement été décidé que monsieur Mokoko devrait bénéficier des meilleurs soins que ceux qui devraient administrer à Brazzaville ».

Jugé pour « atteinte à la sureté de l’Etat », le général Mokoko a été condamné en 2018 à 20 ans de prison ferme. Il était candidat à l’élection présidentielle de mars 2016 remportée à plus de 60% par le président sortant Denis Sassou N’Guesso, mais une victoire que le général Mokoko n’a jamais reconnue.