Brazzaville rejette le rapport de HRW et annonce un procès « pour bientôt »
Les autorités congolaises ont rejeté le 9 juin à Brazzaville le rapport de Human Right Watch, le qualifiant de « biaisé ». Deux ministres, Thierry Moungalla de la Communication et porte-parole du gouvernement, et Pierre Mabiala de la Justice, des Droits humains et de la Promotion des populations autchtones ont annoncé devant la presse que la justice congolaise avait déjà ouvert une procédure sur les faits dont parle cette ONG.
Pour Pierre Mabiala, le rapport de l’ONG Human Right Watch arrive bien tard, au moment où le Congo a déjà ouvert une procédure judiciaire contre ses propres militaires. Le ministre s’est alors interrogé sur la motivation de cette ONG, sinon « viser la déstabilisation du Congo et de institutions établies ».
Dans cet échange avec les journalistes, le gouvernement congolais a condamné ce rapport qui évoque « des faits non avérés, non jugés », annonçant dans la foulée la tenue « pour bientôt » d’une session criminelle qui jugera de cette affaire à Brazzaville.
Selon les autorités congolaises, le parquet de Brazzaville a saisi depuis 2015 le juge pour que cette affaire soit jugée. Des commissions rogatoires ont même eu lieu en Centrafrique, permettant au juge congolais de rassembler assez d’éléments de preuves, ont indiqué les deux ministres.
Thierry Moungalla, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement a estimé pour sa part que les autorités de Brazzaville ont fait l’essentiel en refusant d’étouffer cette affaire, et en laissant la justice de travailler sereinement.
Mardi, l’ONG Human Right Watch avait publié un rapport accusant les militaires congolais en mission de paix en RCA d’avoir tué et enterré dans une fosse commune une douzaine de centrafricains.
Il s’agit en fait des faits déjà dénoncés par les autorités de Bangui et pris en compte par Brazzaville. De premières sanctions administratives, conformément à la discipline militaire ont été prononcées contre les militaires incriminés. Dès l’éclatement du scandale, la compagnie de soldats indexée avait été rapatriée au pays où des procédures ont ouvertes et certains militaires mis aux arrêts.
Aujourd’hui, trois dossiers, Bossangoa, Boali et Mambere sont pendants devant le juge congolais. Mais, il semble que l’affaire ne sera pas jugé par le tribunal de grande instance de Brazzaville, vue la gravité des faites évoqués. Ces dossiers vont être transmis à la cour d’appel pour un nouvel examen. Les trois dossiers seront donc programmés à la prochaine session criminelle qui va « bientôt » se tenir, selon le ministre Mabiala.
« L’Etat congolais ne saurait laisser impunis des atteintes aux droits humaines aussi graves », a indiqué le Pierre Mabiala. Mais, une sanction disciplinaire ne veut pas dire que le Congo a reconnu la culpabilité de ses agents. « Il faut que l’affaire soit d’abord jugée et que les coupables condamnés. Pour l’heure, nous ne sommes pas encore à ce niveau », a conclu le ministre de la Justice.