Margueritte Homb, la battante de l’entreprenariat féminin.
Femme Moringa, promotrice de la petite entreprise féminine, Margueritte Homb a roulé sa bosse un peu partout, prêchant l’autonomie de la femme par la pratique des activités génératrices de revenus.
Margueritte Homb est à la tête de l’association Training, spécialisée dans la formation des femmes à la petite entreprise. Elle a récemment achevé avec l’appui de la Banque mondiale, formation de 300 femmes en entreprise. A travers des formations de 80 femmes par vagues, Margueritte Homb a mis la barre haut, « ne travailler qu’avec les femmes qui sont déjà propriétaires d’une activité, et de préférence celles qui ont obtenu des crédits dans une micro-finance de la place ».
Derrière sa perruque noire et son écharpe en soie ne rejaillissent que bonheur et énergie, à en croire le gestuel théâtral qui accompagne son sourire pendant les formations. Du haut de la soixantaine, jamais cette femme n’a fléchi, toujours optimiste et prête à rendre autonomes le plus de femmes congolaises. « J’ai été marquée par les Nanas Benz, ces femmes commerçantes des années 70 qui vendaient des pagnes », avoue-t-elle pour justifier son caractère tenace.
Et quand elle parle du circuit qui conduit au succès des femmes dans l’entreprise, cette diplômée de l’Institut des Etudes commerciales supérieures de Strasbourg (1983) va puiser les symboles dans le football. « L’entreprenariat c’est comme une équipe de football. Il y a les entrepreneurs qui sont les joueurs et nous les coachs qui veillons à ce que les femmes jouent bien le jeu. Enfin il y a l’Etat qui fixe les règles d’entreprise et qui doit y veiller », souligne-t-elle, avant de lancer : « Hé, oui, l’entreprise ce n’est pas de l’aventure. La moindre de chose, il faut initier » !
Tel un coach, elle pose la logique du fonctionnement d’une entreprise. Pour elle, il faut d’abord identifier les besoins, passer à la production puis vendre. « C’est le cas des véhicules qui quittent Bouemba avec du poisson fumé. Les mamans identifient le besoin, elles se mettent à plusieurs pour acheter les mallettes de poissons, se partagent les parts et chacune va vendre au marché. Tout le monde gagne le long de la chaîne », illustre-t-elle, toujours avec un air pédagogique.
Son passage entre 1988 et 2002 à la chambre consulaire de Brazzaville et au Centre de formalités des entreprises, où elle a été cheffe de Centre, a forgé son amour pour les créateurs d’entreprises. Elle ne choisit pas les capitaines d’industrie, mais elles s’attachent aux femmes qui se « débrouillent » dans l’informel. « J’en ai formées en grand nombre. Mais j’ai presque des larmes aux yeux quand je vois toutes ces femmes qui entreprennent encore derrière les maisons, derrière les cours », regrette-t-elle.
Margueritte Homb a en effet initié beaucoup de femmes à produire et à vendre. Du poisson salé aux boissons sucrées, en passant par l’importation des marchandises, elle a tout donné. Mais, les femmes succombent face à la puissance de l’Etat, cousue de diverses et multiples taxes. Les créatrices d’entreprises, asphyxiées, ne déclarent pas leurs activités et ne suivent pas le processus de certification des produits fabriqués.
La battante plaide pour une large solidarité de la société pour aider ces femmes qui entreprennent, mais qui ont du mal à sortir de l’informel. « Nous payons les impôts, les IRPP, c’est aussi pour aider ces femmes, mais on ne voit rien, la solidarité de l’Etat n’est pas visible à ce niveau », affirme-t-elle presque avec provocation.