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Une galère de 29 mois sans salaires au CNLS

Les agents du Conseil National de Lutte contre le Sida (CNLS) sont venus le 1er décembre se recueillir devant l’entrée du Secrétariat exécutif permanent (SEP) du CNLS, qui a été jusqu’en 2015, leur lieu de travail, aujourd’hui abandonné.

Le siège du SEP-CNLS ressemble à une brousse où l’on peut pratiquer la chasse sportive. Herbes et arbustes, souris et serpents ici, sept véhicules de dépistage immobilisés par-là, bureaux cadenacés un peu plus loin. Personne ne peut plus y accéder. Il n’y a plus d’activités. Sauf quelques agents d’une société de sécurité privée qui en assurent la garde.

Cette situation à la limite de la honte est due à la grève et au ras-le-bol de 95 agents sur 130 évoluant au CNLS sur toute l’étendue du territoire national. Ils dénombrent aujourd’hui 29 mois d’arriérés de salaires.

En dépit des démarches menées au niveau de la hiérarchie de l’Etat, aucune suite favorable ne leur a été donnée. Sinon que des promesses non tenues. Les états de paiements qui se trouveraient au trésor public à l’ordre de 305 millions au lieu de 670 millions semblent être bloqués. « L’ancien ministre de la Santé François Ibovi nous a imposé le paiement de 12 mois d’arriérés au lieu de 20 à l’époque. Nous avions accepté. Le salaire de chaque agent devrait subir une réduction », dénonce un agent.

En 2015, l’accord de don signé entre le Congo et le Fonds mondial de lutte contre le Sida prévoyait la prise en charge par le gouvernement de cinq départements ainsi que du personnel du SEP-CNLS. Le Fonds mondial, quant à lui, s’engageait à financer ses activités dans cinq autres départements : la Cuvette, le Niari, la Bouenza, la Lekoumou et la Sangha, Brazzaville et Pointe-Noire compris. Les activités dans ces sept départements se déroulent normalement. C’est au niveau des départements que gère le gouvernement où il y a cessation d’activités, par manque de financements de l’Etat.

Michel Mabanza, Coordonnateur de l’Unité départementale de lutte contre le SIDA (UDLS) de la Cuvette-Ouest, président du collectif du personnel du CNLS en grève, visiblement en colère, lâche : « La lutte contre le SIDA a été érigée en priorité nationale. Mais l’on se demande si l’on est une. S’il en était une, on n’allait pas trainer 29 mois d’arriérés de salaires et que les malades ne mourraient pas par manque de médicaments. Je demande un ressaisissement au plus haut niveau de l’Etat. Ce sont des Congolais qui sont en train de mourir, ce ne sont pas de bêtes, ce sont des personnes humaines. Les ressources nationales du pays doivent profiter à tous ».

Rodric Bakoula, responsable Suivi et Evaluation de l’Unité départementale de lutte contre le Sida dans la Likouala, membre du collectif, lance un appel à l’endroit du président de la République, père de la nation et président du CNLS. « Nous sommes des chefs de familles, malheureux aujourd’hui et criblés de dettes. Nous avions un certain train de vie et il est difficile de vivre sans salaire. Parmi les travailleurs, il y a aussi des malades du SIDA. Or dans l’état de séropositivité, une alimentation équilibrée est recommandée. »

Selon le Président du collectif, le CNLS a été, pendant 10 ans, l’un des meilleurs projets en Afrique. « Nous avons fait des avancées spectaculaires dans la lutte contre le SIDA. D’où vient qu’on ne nous paie pas ? Que le président de la République pense à nous, ne fusse que par nostalgie, pour avoir fait la fierté du pays », a conclu Michel Mabanza.