Le président sortant de la République gabonaise, Ali Bongo Ondimba a été réélu à 49,85%, selon les résultats publiés par la Commission nationale électorale permanente (CENAP), au terme d’une élection présidentielle tenue le 27 août dernier. Les Gabonais ont gardé leur souffle pendant trois jours, vivant au rythme d’une polémique de victoire entre les deux principaux candidats engagés à cette élection, Ali Bongo et Jean Ping.
Le président Bongo va continuer à diriger le Gabon pour le prochain septennat. Sa réélection a été validée par la CENAP ce 31 août. A l’annonce de ces résultats qui tenaient en haleine tout le peuple gabonais, les partisans d’Ali Bongo sont sortis dans les rues pour jubiler leur victoire. Un podium monté depuis quelques heures à Libreville permettra au président élu de venir saluer ses partisans.
Le candidat de l’opposition Jean Ping l’a perdu d’un doigt. Il a totalisé 48,16% des suffrages, selon les chiffres de la commission électorale. Jean Ping s’était pourtant proclamé vainqueur au lendemain de cette consultation électorale, appelant même le président Bongo à reconnaître sa défaite. Sa déception devrait être grande, envisagent des observateurs de la scène politique gabonaise.
La CENAP a dû hardiment travailler ces dernières heures pour parvenir à ces résultats qui ont fait l’objet de grandes tractations. Les résultats de la province de Haut-Ogooué, favorable au président sortant, sont arrivés avec trois jours de retard. Ils auraient fait la différence dans le décomptage de voix, Ali Bongo Ondimba ayant raflé 95% des votes exprimés dans cette province dont il est originaire. Si dans le Haut-Ogooué, le taux de vote était de 99%, sur l’ensemble du Gabon, la moyenne n’a même pas atteint 60%.
Les discussions au cours de la plénière de la CENAP ont divisé les membres de la commission électorale. Un représentant de Jean Ping à la CENAP a qualifié de « mascarade », les résultats qui donnent vainqueur le candidat du Parti démocratique gabonais (PDG).
Pour l’opposition, les « Gabonais n’accepteront pas ces résultats », estimant que son candidat avait totalisé 59% des voix, contre seulement 38% pour Ali Bongo Ondimba. « Nous n’avons jamais eu confiance », a fustigé le porte-parole de Jean Ping, Gaspard Ntoutoume-Ayi, appelant les populations de défendre la victoire « par tous les moyens ».
L’Union européenne qui avait dénoncé l’opacité du processus, appelle désormais les Gabonais au calme. L’Union demande également à la CENAP de publier les « résultats détaillés » de toute cette élection.
Avant la publication de ces résultats, les autorités avaient déployé les blindés légers de la police dans la capitale pour dissuader tout trouble. Des barrages ont même été placés dans le quartier de la présidence de la République. Les Librevillois ont fait des prévisions ces derniers jours, pour faire face à une éventuelle pénurie de vivres, de carburant ou de crédits téléphoniques, au cas où les partisans de deux principaux candidats venaient à allumer le feu dans la capitale où à Franceville. Ici, les mauvais souvenirs des violences électorales de 2009 n’ont pas totalement disparu de la mémoire des populations.
Elu en 2009 après la mort de son père qui a régné sur le Gabon pendant une quarantaine d’années, Ali Bongo Ondimba a engagé de réformes économiques pour rendre le Gabon plus compétitif. La chute du prix de baril du pétrole a réduit les ambitieux sociales du président Bongo qui n’a pas réussi, par exemple, à conduire sa politique de 35.000 logements sociaux, car seulement 1.500 maisons ont été construites en sept ans.
Mais les Gabonais ont choisi la continuité, quoi que le vote ait été très serré. Dans un Gabon à présent divisé, Ali Bongo doit rassembler pour pouvoir gouverner dans la quiétude. Il doit désormais compter avec Jean Ping qui a quasiment totalisé autant de voix que lui.