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Annick Mongo reste optimiste quant à l’amélioration du climat des affaires au Congo

La directrice générale de l’Agence pour la promotion des investissements (API) Annick Patricia Mongo indique dans une interview exclusive à Vox que les autorités travaille dans le but d’améliorer le climat des affaires au Congo. Elle souligne que l’année 2019 connaîtra d’importantes avancées malgré la crise économique et financière qui transperce l’économie nationale.

Propos recueillis par Dina Ngouela

 

Quel est votre propre commentaire sur le classement du Congo (179e sur 184 pays) dans le Doing Business 2018 ?

Le classement du Congo dans le Doing Business 2018 devrait interpeller tous les acteurs publics et notamment les administrations qui sont directement concernées par les indicateurs et inciter tout le monde à plus d’ardeur au travail pour améliorer la situation. La question du Doing Business est transversale et concerne plusieurs administrations qui chacune doivent jouer leur partition. Le ministère de l’Economie, de l’industrie et du portefeuille public a pris cette question à bras le corps et plusieurs réformes ont été engagées qui certainement impacteront sur notre classement dans les années à venir. Le gouvernement a créé le Comité interministériel pour l’amélioration du climat des affaires par décret n° 2017-42 du 28 mars 2017, ce comité est chargé de prendre des mesures pour améliorer notre classement Doing Business et, en règle générale, améliorer le climat des affaires. Il s’agit de faire du climat des affaires une priorité gouvernementale comme dans les autres pays africains qui ont amélioré leur classement. Le climat des affaires ne se limite pas au classement Business. Certains investisseurs reçus dans nos bureaux sont plutôt satisfaits de la qualité de vie dans notre pays, de l’accueil chaleureux de notre peuple et apprécie beaucoup la possibilité d’aller et venir en toute sécurité à n’importe quelle heure, ce qui n’est pas le cas dans toutes les capitales africaines.

Les hommes d’affaires se plaignent des dures conditions pour mettre sur pied une entreprise au Congo. Quels sont les efforts que vous fournissez pour améliorer le climat des affaires dans ce sens ?

L’Agence pour la promotion des investissements n’a pas vocation à titre principal à travailler sur les indicateurs du Doing business, c’est le comité interministériel pour le climat des affaires qui est compétent en la matière. Par contre notre agence contribue indirectement en faisant remonter les doléances des investisseurs auprès de ce Comité, afin que les mesures prises correspondent à leurs besoins. Des discussions que nous avons avec les investisseurs étrangers, il apparaît qu’ils sont très intéressés par l’évolution positive de certains indicateurs comme le commerce transfrontalier, l’exécution des contrats et le paiement de l’impôt. Alors que les investisseurs locaux sont plus focalisés sur la création d’entreprises et le paiement des impôts (en termes de simplification et dématérialisation). Il n’en demeure pas moins que plusieurs textes ont été pris par le gouvernement qui vont dans le bon sens notamment concernant la création d’entreprises, qui ne sont pas suffisamment connues. Il s’agit de la suppression de l’obligation de passer par un notaire pour créer une société à responsabilité limitée ; la suppression du capital minimum requis pour la création d’une société à responsabilité limitée. La possibilité d’établir le siège social de toute entreprise individuelle ou SARL au domicile de son dirigeant. Le contrat de bail n’est plus une exigence, il suffit de produire une facture d’électricité ou d’eau pour prouver l’existence du domicile du dirigeant.

Le Congo est-il toujours une terre d’investissements, malgré la crise économique ?

J’ai envie de dire qu’investir au Congo c’est maintenant, parce qu’il ne faut pas rater les dividendes que vont rapporter le redémarrage de l’économie congolaise. La crise est passagère et l’économie du Congo peut compter sur un potentiel de richesses et d’atouts bien connus. Par ailleurs la crise suscite aussi des opportunités d’investissement. Entre autres, le Congo qui a une vision de développement consignée dans le Plan National du Développement (PND 2018-2022) demeure une source d’opportunités d’investissements dans les secteurs émergents comme l’agriculture et l’agroalimentaire, le tourisme, les mines, l’énergie, le bois et les transports, les TIC (taux de pénétration de la téléphonie mobile de 104%). Du reste, les indicateurs de l’économie congolaise sont en amélioration pour l’année 2019. Nous sommes une terre d’investissements mais ces investissements doivent être diversifiés et intensifiés.

Quels sont les secteurs hors pétrole qui attirent le plus d’investisseurs dans le pays ?

Les investisseurs étrangers se retrouvent dans à peu près tous les secteurs, du secteur primaire au secteur tertiaire. Cependant les IDE significatifs sont surtout dans le secteur pétrolier et parapétrolier et l’exploitation forestière. Il ressort des informations recueillies au niveau de la Commission nationale des investissements pour l’année 2018 que les investissements agréés sont pour la plupart dans les secteurs de l’agriculture et l’élevage, l’agro-industrie et l’industrie.

Y a-t-il des hommes d’affaires étrangers qui investissent déjà dans l’agriculture ?

Bien entendu, les sud-africains qui font le maïs à Malolo, une société détenue par une chinoise qui fait le riz et une société à capitaux allemands qui fait le riz et le maïs et bien d’autres. Mais il y a beaucoup d’autres intentions d’investissements d’origines diverses qui semblent être intéressées par le Congo.

Au total, dans l’agriculture, la Commission Nationale des Investissements (CNI) a enregistré 24 562 597 990 FCFA d’investissements agréés à la charte des investissements et 539 créations d’emplois escomptés.

Les opérateurs économiques locaux sont-ils enthousiastes à investir au Congo ?

Les opérateurs économiques locaux s’activent de plus en plus dans des activités diverses et diversifiées, compte tenu de la crise économique. Ils ne se contentent plus de n’exercer que dans le bâtiment et ne compte plus sur les marchés publics comme dans le passé, par exemple ils s’impliquent beaucoup plus dans l’agriculture.

Les contraintes liées au financement demeurent le premier des besoins exprimés par les locaux.

Il faut les accompagner, les orienter et créer des conditions pour des partenariats entre entreprises congolaises d’une part et entreprises congolaises et étrangères.