Brazzaville et Paris à l’unisson pour les questions de sécurité
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, en visite de 24 heures à Brazzaville, a déclaré le 7 juin qu’il était venu discuter des questions de paix et de sécurité dans la sous-région Afrique centrale avec Denis Sassou N’Guesso, qu’il croit être un acteur majeur à même de jouer un rôle important dans la résolution et la prévention de certains conflits, notamment en Centrafrique et en République démocratique du Congo (RDC).
Jean Yves Le Drian a indiqué qu’avec le président Sassou N’Guesso, ils avaient évoqué la plupart des dossiers brûlants de l’heure. « Effectivement, il joue un rôle dans la région où il y a une situation tendue et difficile, singulièrement en RCA, mais aussi en Libye et en RDC, avec des interrogations sur les échéances électorales. Nous avons évoqués l’ensemble des dossiers de la région que je vais d’ailleurs évoquer aussi demain à Addis-Abeba puisque je vais rencontrer les principaux responsables de l’Union Africaine », a-t-il indiqué à sa sortie de l’audience avec Denis Sassou N’Guesso.
Pour le chef de la diplomatie française, la France continue de jouer sa carte sur le continent pour sauver des situations qui pourraient être périlleuses. Les élections en RDC sont un véritable volcan couvant qui peut dégager des larves à n’importe quel moment. Le président Joseph Kabila Kabange, 47 ans et au pouvoir depuis 2001, ne devrait pas être candidat à la présidentielle du 23 décembre 2018. Mais, il n’a toujours pas clarifié sa position à ce sujet. Ce qui parfois pousse ses partisans à appeler à sa nouvelle candidature pour un troisième mandat. La société civile, l’église catholique et certains partis de l’opposition menacent de saper le climat social du pays si jamais la majorité présidentielle jetait à nouveau son dévolu sur la personne de Joseph Kabila.
La France est obligée de se lever pour apaiser toutes ces tensions qui couvent çà et là. Mais, elle ne peut efficacement le faire qu’avec l’aide de certains alliés. Récemment, le président Emmanuel Macron a reçu le Congolais Denis Sassou N’Guesso, le Rwandais Paul Kagame et l’Angolais Joao Lourenço, tous des voisins importants et stratégiques de RDC. « La France joue son rôle. D’abord en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et ensuite en Afrique aussi, pour mobiliser tous les moyens, afin que la paix et la sécurité puissent se maintenir et se récréer là où il y a des risques de menace », a déclaré Le Drian, avant d’ajouter, « C’est dans cet esprit que j’ai rencontré le président Denis Sassou N’Guesso et dans un esprit de franchise, de compréhension des phénomènes que nous constatons, puis avec une volonté commune, essayer de les régler ».
La position de la France est claire dans la situation actuelle de RDC : les élections doivent avoir lieu dans les délais prévus par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), et que Joseph Kabila ne devait pas être candidat. Même s’il peut advenir un énième glissement du calendrier électoral, le président Kabila ne sera pas acteur de la transition qui se mettrait alors en place. « Il y a des accords de la Saint-sylvestre, la France estime que ces accords doivent être respectés. Je constate que c’est aussi la position du président Macron et du président Sassou N’Guesso », a poursuivi Le Drian.
On note cependant de grossières supputations sur les relations franco-congolaises. Pour Jean Yves Le Drian qui est en même temps un ami personnel du chef de l’Etat congolais, « il n’y a pas des tensions entre le président Macron et le président Sassou N’Guesso. Ils se sont vus à Paris, il y a quelques jours et se reverront à Nouakchott en Mauritanie dans quelques jours. Bref, les relations sont très fluides », a conclu le chef de la diplomatie française.