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Christian Sanga Pamba déplore l’ignorance des congolais en œuvres d’art

Expert et chercheur en art négro-africain, Christian Sanga Pamba est en exercice depuis plus de deux décennies dans l’exposition des objets antiques. Il parcourt des kilomètres à la recherche des ces précieuses matières qu’il achète auprès des villageois. Devant l’indifférence des Congolais, l’antiquaire préfère vendre aux expatriés.

« Je me déplace d’un village à un autre dans le nord  du Congo, dans le sud, au Gabon jusqu’en République démocratique du Congo (RDC) pour m’aauxcquérir des œuvres d’art. Une fois dans le village, la première des choses à faire c’est de rencontrer le chef du village. C’est à lui de lancer l’appel à tous les villageois qui finissent par m’apporter ce qu’ils possèdent comme joyaux ayant appartenu à leurs aïeux », a confié Christian Sanga Pamba.

L’antiquaire n’achète pas, cependant, tout ce qui lui tombe dans les mains. Il tient compte des critères de la beauté, l’authenticité et l’âge de l’œuvre d’art avant de se décider à l’achat. « La beauté est ce qui frappe à l’œil. L’authenticité fait allusion à l’originalité de la pièce. Un article taillé dans le clan des dondos par un dondo a plus de valeur qu’un article des dondos taillé par un babemba. Et l’âge de l’article est très important. Un masque kébé-kébé qui a participé à la danse il y a tant d’années ne peut avoir la même valeur qu’un  masque taillé il ya trois mois de cela », a-t-il signifié.

Les pièces vendues peuvent être un legs ou un patrimoine familial. L’argent n’étant pas souvent une priorité, les villageois préfèrent pratiquer le troc. Bicyclette, pagne, cartons de poisson salé, savon, huile, café, sucre, sel, sont sollicités lorsqu’il s’agit d’un objet de marque nécessitant une concertation familiale. « Cela demande une fortune mais lorsque l’on tient à obtenir un objet de grande valeur, on s’y met. Confrontées à un souci financier, certaines personnes sont obligées de liquider l’une des pièces qu’ils détiennent en plusieurs exemplaires », a confié Christian Sanga Pamba.

Parmi les étalages de l’antiquaire figurent des chasse-mouches, des sceptres, des masques de fécondité vili-Kongo, des masques tékés, des masques pour éloigner les esprits des morts et autres objets d’art contemporains en vue de donner satisfaction aux clients modernes.

Christian Sanga Pamba affirme avoir pour clients potentiels des expatriés. « La plupart des étrangers amoureux de l’art qui s’approprient ces joyaux en exigent l’historique à l’écrit, pour ne pas en perdre le sens original », a révélé l’artisan.

Selon lui, la plupart des congolais voient en ces objets repoussants, l’incarnation du diable. « C’est du pur fétichisme qui ne suscite aucun intérêt », dit-il.

L’antiquaire a fait savoir que certaines pièces subissent depuis le village même, un rituel de déchargement dans le but de les démystifier. « Neutralisé, l’objet devient juste symbolique et ne peut produire un quelconque effet surtout qu’elle a été vendue de tout cœur. Le principe de vente à l’achat paralyse les esprits vibrants dans certains objets d’art antique. Seule une pièce volée pourrait attirer de forts ennuis », a  précisé le chercheur.

Cette noble passion a aujourd’hui valu à Christian Sanga Pamba, le regard de certains dirigeants. Il est beaucoup sollicité à exposer sa collection au cours des cérémonies de dignitaires. L’artisan vit de son unique activité.