Comment Sassou N’Guesso compte-t-il lancer l’agriculture ?

Durant sa campagne électorale, le président Denis Sassou N’Guesso a tempêté que les terres agricoles congolaises n’étaient pas assez exploitées, dénonçant par conséquent des importations de certains produits comme le safou. Et pourtant, loin de paraître un simple petit point dans le projet de société, l’agriculture devrait être considérée comme un véritable programme du quinquennat pour relancer économique du pays.

Le Congo dépense jusqu’à 700 milliards de francs CFA pour importer de la nourriture. Certains produits agricoles qui poussent sans aménagement dans les savanes congolaises comme la tomate, les légumes ou l’oignon font partie de ces importations qui coûtent un faramineux prix. C’est un scandale que n’a cessé de dénoncer, durant une bonne partie de sa campagne, le président réélu.

Sur les 10 millions de terres arables identifiées au Congo, seulement 3% sont cultivés, et très souvent de façon rudimentaire. Les exploitations familiales constituent, en effet, la grosse source de production. La banane, le manioc, le foufou, l’arachide ou les légumes qui sont les produits agricoles les plus consommés dans le pays ne viennent pas dans la plupart des temps des plantations mécanisées.

Les tracteurs, de plus en plus utilisés par les jeunes et quelques fonctionnaires à la retraite, favorisent l’éclosion des cultures de maïs, d’arachide, de manioc et aussi d’arbres fruitiers.  Les fruits comme la pastèque et l’ananas proviennent pour la part des exploitations modernes et mécanisées. Mais ce n’est pas suffisant pour nourrir les quelque 5 millions des Congolais.

Comment booster l’agriculture ?

Après toutes ces années passées au pouvoir, Sassou N’Guesso a-t-il un goût amer de n’avoir pas développé et modernisé ce secteur prioritaire du pays ? Il prône dans son projet de société « l’agriculture au sens large » pour corriger les choses, pour amener les Congolais à aimer la terre.

Les problèmes de l’agriculture sont connus. Les solutions sont même déjà budgétisées. Le gouvernement a en effet besoin de 1000 milliards de francs CFA pour booster ce secteur. Mais les fameux mille milliards représentent actuellement presque 50% du budget de l’Etat.

Sur la ligne du ministère de l’Agriculture et de l’élevage, il n’est inscrit cette année que 18 milliards de francs CFA, y compris la pêche et l’élevage. Très loin du compte !  C’est moins que le budget du programme PADC de la banque mondiale, estimé à 20 milliards.

Sur quoi Denis Sassou N’Guesso compte alors pour financer l’agriculture ? Pendant 5 ans, le ministre Henri Djombo n’a pu lever des fonds nécessaires auprès des partenaires privés internationaux. Les financements de la Banque mondiale au Projet de développement de l’agriculture commerciale (PADC) est le seul réussi, mais dont l’impact est très infime, à considérer les attentes de la population. Le modèle peut cependant être implémenté.

Il faut également des hommes capables de gérer de tels projets avec les gros moyens financiers qui y vont. Le ministère de l’Agriculture seul ne pourrait plus. Il garde le management et la direction des initiatives financées par l’Etat ou ses partenaires. Les cas du Fonds de soutien de l’agriculture peuvent être reconduits, mais avec des méthodes de gestion et des résultats plus contraignantes.

Dans le secteur privé, beaucoup de jeunes ont déjà fait leurs preuves dans diverses cultures. Si l’Etat leur apportait de l’aide nécessaire, ils pourraient faire plus dans la production des légumes, de l’huile de palme et du maïs.

Le lancement de l’agriculture ne devrait plus être vécu comme un simple slogan, mais le gouvernement doit passer à l’action. Le président de la République doit compter sur des hommes de terrain qui partagent, améliorent et appliquent son rêve de voir les Congolais se nourrir avec leurs propres produits agricoles.

L’administration publique, outre que le ministère de tutelle, ne devrait se mêler de ces projets que pour inspecter le travail réalisé et recommander le renforcement des mesures de gestion.

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