Le Congo épinglé comme l’un des pays où règne la corruption
L’ONG Transparency international, reconnue pour son classement crédible de corruption dans le monde, a identifié, dans son rapport publié le 21 février, le Congo comme l’un des dix pays les plus corrompus en Afrique. Le Congo est classé 44e des 54 Etats africains dans cette perception globale de la corruption.
Dans le premier carré des dix pays les plus corrompus en Afrique, le Congo se place en pôle position, avec la République démocratique du Congo (RDC), le Tchad, l’Erythrée, l’Angola, la Guinée Equatoriale, la Guinée Biseau, la Libye et les deux Soudans. Sur les 54 pays africains, le Congo occupe le 44e rang, soit 161e rang mondial sur 180 pays enquêtés.
La corruption est désormais une vraie gangrène dans le pays. Le président Denis Sassou N’Guesso l’a lui-même reconnu en décembre 2017 lors de son message devant le parlement réuni en congrès, appelant par conséquent la justice à sévir, et les parlementaires à être plus vigilants que jamais. La corruption règne dans tous les secteurs de l’économie nationale, à tel point que les sanctions disciplinaires au sein de l’administration publique ne sont plus infligées. Ceux qui devraient sanctionner se retrouvent souvent dans les pratiques incriminées.
Lors de son investiture à la présidence de la République en 2009, le chef de l’Etat congolais s’était fondu un violent réquisitoire, dénonçant que l’Etat n’était hélas « pas exempt » de la corruption. Cette situation retarde le développement du pays et cultive davantage des antivaleurs.
De l’obtention d’un diplôme à un jugement de justice, en passant par la facture d’impôt ou le traitement d’un cadavre à la morgue, la marque de la corruption est permanente. Les plus jeunes ont très rapidement appris le langage de la corruption, se détournant ainsi des efforts intellectuels qui permettent de valider une Unité de valeur à l’université Marien Ngouabi où les « notes sexuellement transmissibles » sont monnaie courante. La corruption a aussi supplanté le système d’organisation des concours où ceux qui n’ont pas le cash échouent facilement.
Et pourtant, le pays s’est doté des instruments de lutte contre la corruption : la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude, ainsi que l’Observatoire de lutte la corruption. La Commission que dirige Lamyr Nguele a maintes fois enquêté et monté de gros dossiers sur la corruption, mais sans que la justice ne suive. Il a dernièrement recommandé l’audit du CHU sur l’affaire des 4,8 milliards de francs CFA destinés à l’achat des médicaments, alors que seulement 19 millions ont pu être utilisés. Les 7,9 milliards de la Caisse de retraite des fonctionnaires (CRF) et le non versement des bourses d’étudiants avaient également interpelé Lamyr Nguele.
Malgré tous ces faits, et l’intention d’améliorer la gouvernance, le Congo n’a pas fait mieux que l’année dernière sur la perception de la corruption où il a occupé la même 161e place mondiale. Le pays ne totalise que 21 points, contre par exemple les 61 points du Botswana qui occupe le premier rang africain et le 34e du monde. Les pays les plus pauvres ne sont pas forcément les plus corrompus, car même le Cap Vert a totalisé 55 points et vient à la 3e marche du podium africain.