Des cours à deux vitesses à l’université Marien Ngouabi

L’année académique 2016-2017 a commencé timidement à l’université Marien Ngouabi de Brazzaville. Si dans les écoles et instituts les cours se déroulent sans entrave, dans les facultés, les enseignements n’ont pas véritablement démarré à cause de dysfonctionnements administratifs et au bruit de grève des étudiants qui accusent deux trimestres de retard de bourses.

L’université Marien Ngouabi, l’unique établissement supérieur public du Congo fonctionne à deux vitesses. A l’Ecole normale supérieure (ENS), les cours ont effectivement repris le 5 décembre, tout comme à l’Ecole normale supérieure polytechnique (ENSP) où les étudiants, anciens et nouveaux, ont renoué avec l’université depuis deux semaines. A la Faculté des Sciences de la Santé, les cours ont atteint leur vitesse de croisière, puisque débutés le 20 octobre.

La cacophonie est observée dans les facultés. Il s’agit notamment des facultés des Lettres et des Sciences humaines à Bayardelle, la faculté de Droit, celle des Sciences et Techniques,  et la faculté des Sciences économiques. 

Dans ces établissements caractérisés habituellement par des dysfonctionnements administratifs, chaque étudiant pose actuellement son problème. Noms mal écrits ou carrément oubliés sur la liste de pré-inscription pour les nouveaux bacheliers, réclamations de moyenne de passage en année supérieure pour les anciens, bruit de grève suite aux arriérés de bourses.

Cardorelle qui a satisfait à son baccalauréat général à Dolisie, pourtant ayant fait sa pré-inscription en bonne et due forme, ne trouve pas son nom sur la liste. « On nous demande de reconstituer le dossier, alors que j’avais tout déposé. Je ne suis pas sûr que mon nouveau dossier sera pris en compte », se préoccupe-t-il.

Clotaire, étudiant en Master I au Parcours information et communication (PIC), n’attend que l’assemblée des syndicats des étudiants pour se lancer en grève. « L’Etat nous doit deux trimestres. Le gouvernement ne sait pas qu’il y a des étudiants qui ne vivent que de la bourse, tous n’ont pas parents ici », rouspète-t-il.

La tentative de grève sans préavis initiée par des étudiants en colère le 5 décembre pour boycotter la rentrée n’a pas eu de répondant. Les éléments de la police mis en alerte ont d’ailleurs dispersé les quelque téméraires qui allaient essayer le coup. Le déclenchement de la grève n’a pas suivi les procédures en vigueur, explique-t-on. 

A la faculté des Lettres, les étudiants en règle, surtout les nouveaux, trainent dans la cour parce que les enseignants ne sont pas présents. Quant aux 4e  et 5e années, le rythme est plus acrobatique. C’est maintenant qu’ils sont en train d’être envoyés dans les stages pour y passer trois mois et revenir soutenir pour le compte de l’année académique 2015-2016, déjà largement écoulée. « Comprenez, ainsi fonctionne l’université Marien Ngouabi depuis plus de dix ans. On fait avec », lâche, exacerbé, un agent du service de la Scolarité de Bayardelle.

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