Le Premier ministre, Clément Mouamba a vigoureusement réagi le 6 août à l’Assemblée nationale aux propos de certains députés de la majorité présidentielle qui, d’après lui, comparaient son gouvernement à « l’enfer ». Le chef du gouvernement et plusieurs de ses ministres ont directement été pris à partie par les élus de leur propre bord politique, ce malgré les appels à la tempérance de Jean Jaurès Ondele, chef de fil de la majorité à l’Assemblé nationale.
Réagissant aux répliques des députés qui se sont dit insatisfaits des réponses apportées par le Premier ministre ainsi que certains membres de son gouvernement, Clément Mouamba s’est manifestement montré étonné de constater que les députés avaient comparé son gouvernement à l’enfer. « Un député de la majorité qui le dit. L’enfer est pavé de bonnes intentions, donc vous comparez votre propre gouvernement à l’enfer ! Mais n’oubliez pas que je suis aussi le chef de la majorité parlementaire », a vivement recadré le chef du gouvernement, lors de la séance des questions orales avec débats.
Pour les députés de la majorité, il y a trop de promesses et très peu d’actions. Le gouvernement manquerait d’initiatives et ses résultats sont à peine visibles. L’essentiel de ces diatribes venaient des jeunes élus de la majorité présidentielle, et particulièrement ceux du Parti congolais du travail (PCT, au pouvoir) qui ont critiqué la politique du gouvernement en matière d’emploi, d’éducation ou d’adduction d’eau.
Dans l’une de ses réponses sur la situation de la compagnie aérienne ECAIR, le ministre en charge des transports, Fidèle Dimou a mis au défi quiconque lui apporterait la preuve que les moteurs des avions de cette compagnie ont déjà été démontés et revendus à d’autres sociétés aérienne. « Je ne suis pas au courant de cette information. En ce qui concerne la relance de notre société aérienne, l’affaire est dans le laboratoire », a-t-il déclaré, suscitant un vrai vacarme dans la salle.
Un autre député, Jean Claude Ibovi, n’est pas allé par le dos de la cuillère pour s’en prendre, d’abord à un membre du gouvernement qui aurait manqué de respect à un officier supérieur de police, puis à d’autres membres du gouvernement qui seraient venus juste « pour manger ». Connu pour son franc-parler débordant, le député de Talangaï 2 a indiqué que seuls deux membres du gouvernement Mouamba peuvent se targuer le luxe d’y être, les généraux Charles Richard Mondjo et Gilbert Mokoki, « pour avoir combattu ».
Appelant à la modération et à la tempérance, le chef de la majorité parlementaire à l’Assemblée nationale, Jean Jaurès Ondele a estimé que ses collègues n’avaient plus de brides pour leur langue. « Nous sommes suivis, tout le peuple nous suit, il faut savoir ce qu’il faut dire. En plus, les ministres ont eu le temps de préparer leurs réponses, ils ne doivent plus venir faire de la littérature ou de la philosophie, même si ce sont des philosophes », a-t-il déclaré, invitant le président de la l’Assemblée nationale à recadrer les débats et surtout tous ceux qui ne respectaient pas le règlement intérieur de l’institution.
En réalité, la majorité présidentielle ne fait plus dans la demie mesure. Il y a quelques jours, elle a invité le gouvernement à s’expliquer sur sa politique de mise en œuvre des 48 mesures recommandées par le Fonds monétaire international (FMI) avec lequel le Congo vient de conclure un accord d’aide. En réponse, le gouvernement invite sa majorité à la patience, jusqu’à ce qu’il mette en place son plan d’actions. Mais pour nombre de participants, Clément Mouamba et ses ministres s’étaient montrés peu convaincants. En avril dernier, la majorité présidentielle avait sévèrement critiqué l’action du gouvernement, se fondant d’une quarantaine de mesures pour sommer le gouvernement à rendre son action concrète et plus près des populations.
A l’heure où les rumeurs sur le remaniement du gouvernement deviennent de plus en plus vivaces et persistantes, le gouvernement Mouamba a dû laisser quelques plumes au cours de cette séance des questions orales à l’Assemblée nationale. Après toutes ces attaques, plusieurs ministres n’ont pas mis du cœur pour répondre aux questions et répliques des députés.
« En vieux signe », le président l’Assemblée nationale a attiré l’attention des jeunes élus qui se seraient laissés emporter sous les feux des cameras. « Je me demande si certains d’entre nous méritaient d’y être, du point de vue de l’éthique, mais aussi de la qualité des interventions. La télévision est un couteau à double tranchant. Ça peut vous disqualifier, et j’en sais quelque chose», a conclu Isidore Mvouba.