Des femmes handicapées engagées à s’autoriser par des activités génératrices de revenus

Plusieurs femmes vivant avec handicap, souvent marginalisées par leur situation physiologique s’en sortent, tant soit peu dans des activités informelles pour leur autonomisation. À Brazzaville, dans les différents arrondissements sillonnés par l’équipe de Vox Médias, une femme de cette catégorie sociale, sur deux, exerce une activité génératrice de revenus pour pallier les besoins familiaux.
Malgré les préjugés de la société à leur égard, ces femmes se distinguent par le petit commerce qu’elles exercent dans des marchés ou dans les coins de rues pour être autonomes vis-à-vis de leur famille, qui les considère souvent comme une charge moins essentielle.
C’est le cas d’Ella Nkousou, une mère de cinq enfants, vendeuse de produits de première nécessité et coiffeuse. À travers ces deux petites activités, elle essaie de prendre en charge la scolarité de ses enfants, dont certains sont à l’université et d’autres au collège et à l’école primaire. « Bien que je sois handicapée des membres inférieurs, je ne peux pas croiser les bras et ne rien faire. C’est la raison pour laquelle je me suis lancée dans ce petit commerce, qui me permet de subvenir aux besoins matériels des enfants, surtout sur le plan scolaire », a martelé Ella Nkousou, vendeuse de divers produits au quartier Gabio, 7ème arrondissement de Mfilou.
« Au lieu de sillonner dans les artères et ruelles de la ville pour quémander de l’argent aux passants, je me suis lancée dans cette activité pour prouver aux gens que le handicap ne constitue en aucun cas un obstacle pour une femme handicapée de se prendre en charge. Nous avons une tête bien faite pour mener à bien n’importe quelle activité », a-t-elle précisé.
Béquille en main, devant sa table, Olga Flore Sita s’emploie à étaler les poissons fumés qu’elle vend au marché de l’étage, non loin du rond-point Mouhouni, une activité qu’elle exerce depuis des dizaines d’années. « Malgré la vente au ralenti, je m’en sors avec cette activité génératrice de revenus, qui aujourd’hui me permet de payer le loyer chaque fin du mois. Je fais tout avec le peu que je gagne. Je ne peux que rendre gloire à Dieu, mais nous sollicitons l’appui financier des autorités, des organismes nationaux et internationaux pour renforcer nos petites activités et être plus autonomes financièrement », a souligné Olga Flore Sita, vendeuse au marché de l’étage de Mouhouni.
Bien qu’elles soient concentrées dans certains secteurs d’activité, ces femmes tiennent le coup à travers des initiatives qui peinent à se développer faute de moyens financiers conséquents. Le président de l’Association d’Observatoire Handicap Humanité (H2O) du Collectif Liloba, Emmanuel Batchy, explique les mécanismes d’appui financier et la motivation derrière la mise en place d’un accompagnement en faveur de cette population vulnérable afin de développer leurs activités génératrices de revenus. « Nous avons mené des enquêtes et constaté que 80 % des femmes sont à la tête de familles monoparentales, avec trois ou deux enfants non scolarisés, et près de 20 % des femmes handicapées pratiquent le sexe de survie. Face à cette réalité, nous avons donné la possibilité à ces femmes de sortir de cette dépendance financière. En 2022, avec l’appui de l’Institut Européen de Coopération au Développement, nous avons décidé de former ces femmes vivant avec un handicap à la gestion des activités génératrices de revenus. En 2023, nous avons reçu une subvention financière de l’ambassade des États-Unis au Congo et avons accompagné 25 femmes, qui ont bénéficié de kits d’activités génératrices de revenus selon leurs besoins », a-t-il expliqué.
Pour bénéficier de notre appui financier, nous procédons à l’enregistrement des femmes victimes de violences sexuelles, économiques, physiques, etc. Ensuite, nous élaborons une fiche projet avec des spécifications techniques afin de regrouper toutes les demandes de ces femmes, puis nous procédons à l’achat de kits d’activités génératrices de revenus pour leur permettre de démarrer leur petit commerce. Cette année, nous comptons accompagner 50 femmes pour augmenter leur pouvoir d’achat, allant jusqu’à 125 000 FCFA, et leur permettre d’accéder aux besoins primaires. L’objectif est de valoriser la femme handicapée, qui est souvent considérée comme une femme de seconde classe », a-t-il renchéri.