La campagne électorale qui bat son plein dans les villes congolaises a permis de mettre sous les feux de la rampe la présence de plusieurs fils d’anciens dignitaires du Congo, candidats aux différents scrutins. Avec ou sans l’appui de leurs parents, certains d’entre eux se servent des effigies ou des noms de leurs géniteurs pour espérer rassembler le plus de suffrages.
C’est dans la première circonscription de Dolisie que les électeurs ont fait la connaissance de Jeremy Lissouba, fils de l’ancien président Pascal Lissouba (1992-1997). Il bat campagne au nom de l’UPADS, la formation politique fondée par son père, et que dirige aujourd’hui Pascal Tsaty Mabiala, qui s’est d’ailleurs fait le devoir d’aller investir le petit Lissouba à Dolisie.
Jeremy qui vit en France est à Dolisie comme sur la terre de ses ancêtres. Introduisant le jeune candidat qui sera face au premier secrétaire de la Force montante du Congo (FMC) du PCT, Juste Bernadin Gavet, un dignitaire de l’UPADS a rappelé que c’était au même endroit que Pascal Lissouba s’était levé pour se faire élire, d’abord comme député, ensuite président de la République. Lui-même Jeremy a inscrit sur une de ses banderoles de campagne, « Qui a vu le fils, a vu le père ». Un message qui vend mieux le jeune candidat à une population attachée au vieux professeur.
A Pointe-Noire, un autre fils de dignitaire, Jean-Marc Tystère Tchicaya est sur la ligne de départ dans la circonscription électorale de Mvoumvou, sur la terre de ses ancêtres. La ville pétrolière où son père, Jean-Pierre Tystère Tchicaya a été maire entre 1994 et 1997, ne lui est pas entièrement favorable. Mais, il peut y tranquillement tirer son épingle du jeu, car il a déjà été élu en 2012, face à un candidat du PCT, le parti au pouvoir, Anatole Collinet Makosso qui a préféré cette fois-ci, une circonscription électorale à Loandjili. Jean-Marc Tystère Tchicaya, à la tête du parti fondé par son père, le Rassemblement pour la démocratie et le progrès social (RDPS), tient également à arracher la majorité des onze sièges mis en jeu dans cette ville et devenir le leader de Pointe-Noire, devant le maire de cette ville, Roland Bouity Viaudo.
Le jeune Ganao, fils de son père, a fait couler les larmes des femmes qui ont vu en lui le patriarche téké, Charles David Ganao. Ce Londonien de longues dates a été adoubé dans la deuxième circonscription de Djambala dans les Plateaux, sous la bannière de l’UFD, le parti créé par son père qui repose à quelques encablures du centre-ville de Djambala. Il est quasiment assuré d’être élu député, au nom de son père, ancien Premier ministre de Pascal Lissouba entre 1996 et 1997, et ministre des Affaires étrangères d’Alphonse Massamba-Débat.
Jean Jacques Yhombi Opango est reparti à Owando pour réhabiliter son père, le général Jacques Joachim Yhombi-Opango, ancien chef de l’Etat (1977-1779) et ancien Premier ministre de Pascal Lissouba entre 1994 et 1996. Jean Jacques tente de réchauffer le parti de son père, le RDD, dont les actions sont aujourd’hui au bord du gouffre. L’ex-président Yhombi est à l’écart de la vie politique, et la plupart de ses anciens compagnons comme Saturnin Okambe, Eugène Sama ou Anaclet Tsomambet ne sont plus actifs. C’est donc le tour des enfants.
Denis Christel Sassou Nguesso dit « Kiki » chassera également sur la terre de ses ancêtres. C’est pour la deuxième fois qu’il va repartir à Oyo, la citadelle imprenable de son père, Denis Sassou N’Guesso. Considéré comme un enfant prodigue, « Muana Ndeya », Denis Christel Sassou Nguesso portera les couleurs du PCT dont il est membre du bureau politique. Si ce fils du président de la République ne devrait pas avoir du mal à se faire élire, il soutiendrait par ailleurs un important réseau de candidats indépendants qui pourraient, après leur victoire, lui servir de renfort au sein du PCT où il a besoin d’un vrai soutien.
Il n’y a pas que Denis Christel dans la famille des Nguesso. Sa sœur Claudia Ikia Sassou Nguesso « Coco » est candidate à la cinquième circonscription de Talangaï à Brazzaville. En face des adversaires poids plume, Claudia Sassou Nguesso est quasiment assurée de conserver son siège de député, gagné depuis 2012. C’est plutôt sa sœur, Stella Sassou Nguesso, tentant sa chance à Kintele, qui doit tout donner pour se faire élire. Nouveau quartier, puis nouvelle commune, Kintele a de grands défis à relever. Une autre Sassou Nguesso, Cendrine, aux côté des adversaires de taille comme Nicéphore Fylla Saint Eudes ou Guy Parfait Kolelas, un autre fils à papa, n’a pas toutes les cartes sous la main. Elle doit batailler fort pour déboulonner le « Yuki » bien encré dans la capitale départementale du Pool.
Les Kolelas eux aussi sont des candidats. Leur frère ainé, Guy Brice Parfait veut conserver son siège de Kinkala. Faute de parti politique, tous ses 32 candidats sont des indépendants, mais ont gardé le logo « Yuki ». Son objectif est de rafler la plupart des sièges à Brazzaville où son défunt père a été député-maire. Landry Euloge, son frère, est candidat à Makelekele. Il se sert de l’effigie de son père, Bernard Albert Bakana Kolelas, pour rallier le plus de monde.
Landry Kolelas est actuellement le maitre incontesté du parti fondé par leur père, le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI). Théodorine leur sœur, députée à Goma Tse-Tsé dans le Pool, n’a pas eu le temps de battre campagne dans cette circonscription électorale en proie aux graves violences armées. La benjamine des Kolelas est candidate à Madibou, de l’autre côté du Djoué à Brazzaville.
Les enfants des dignitaires manifestement soudainement l’envie d’entrer en politique pour gérer la chose publique, parfois avec l’ambition de faire mieux que leurs géniteurs ! L’Assemblée nationale est pour eux, la porte d’entrée.