La mission des services du Fonds monétaire international (FMI) a évalué à 110% du Produit intérieur brut (PIB) la dette extérieure du Congo, soit environ 5.329 milliards de francs CFA. Contrairement à ses pratiques, le FMI s’est fendu d’une simple déclaration pour annoncer cette dette, plutôt que de parler aux journalistes qui ont attendu au ministère des Finances toute la matinée du 4 octobre.
La dette annoncée par le FMI est établie fin juin à 9,14 milliards de dollars, soit environ 5.329 milliards de francs CFA. Elle représente 110% du PIB congolais. Ces chiffres ne tiennent pas compte de la dette intérieure que réclament depuis des années les opérateurs économiques congolais. Le gouvernement avait établi à 14 milliards de francs CFA le niveau de cet encours restructuré à partir de 2014.
Pour les opérateurs économiques, notamment ceux regroupés au sein de l’Union nationale des opérateurs économiques du Congo (UNOC) de El Adj Djibril Abdoulaye Bopaka, cette dette s’établirait à plus de 1.000 milliards de francs CFA. Et ils contestent toujours le niveau de la dette reconnue par les autorités.
A ce niveau de 110% du PIB, le FMI et le Congo peuvent d’ores et déjà parler le même langage. Bien sûr que les experts du Fonds n’ont pas scruté les dettes litigieuses et le reste de la dette intérieure, essentiellement constituée de la dette commerciale. Certainement les prochaines missions permettront d’établir le niveau réel de l’endettement du Congo.
Selon les experts du FMI, la collaboration a été de bon niveau entre la Commission technique congolaise chargée des négociations et la mission du Fonds. Plusieurs informations ont librement été communiquées au FMI, ce qui a permis d’établir cette partie du niveau de la dette. Cela ouvre également la porte pour la suite des discussions avec le Fonds. Les autorités congolaises souhaitent conclure rapidement un programme avec le FMI. D’après la déclaration du président Denis Sassou N’Guesso livrée en août 2017, le gouvernement entend commencer le programme avec le FMI dès janvier 2018.
A 110% du PIB, la dette congolaise reste cependant très lourde. Elle représente le double du budget public établi cette année à plus de 2.744 milliards de francs CFA. Cela veut dire que, même si le Congo décidait d’investir tout son budget dans le service de la dette, il faut au moins deux ans et demi pour solder l’amère facture. Bien sûr, sans rien faire d’autre que de rembourser la dette.
La fameuse dette est la cause d’un grand déséquilibre macroéconomique. La chute du baril de pétrole, ressource principale du pays, est souvent présentée comme la cause de la crise congolaise. Mais les fins limiers de la finance savent que des dépenses surdimensionnées et non soignées ont été réalisées par les autorités à l’époque de vaches grasses où le Congo a engrené des pétrodollars.
Les mesures de restructurations budgétaires adoptées par le gouvernement n’ont pas encore apporté leurs fruits. L’effet de la baisse drastique des recettes de l’Etat sont toujours vivaces dans le quotidien des Congolais. Ces derniers espèrent que grâce à l’appui budgétaire du FMI, le Congo pourrait repartir du bon pied.