Jessica Mampouya et Luyso Madingou Mboumba sont deux jeunes femmes photographes de Brazzaville. Elles font partie du Collectif Elili, une association des photographes professionnels du pays. Les deux artistes sont passées de la simple photo des cérémonies de mariage ou d’obsèques à une vraie création artistique.
Luyso Madingou Mboumba, la vingtaine bien révolue, travaille à faire revivre la jeunesse aux femmes âgées, celles qui n’ont plus les atouts physiques de vivre une adolescence. Dans son projet, Luyso met en exergue les jeux comme le Ndzango ou le Silikoté (saut à la corde). Pour réussir de belles images, la photographe fait sautiller ces dames adultes. Et il n’est pas rare de voir d’autres jouer à la poupée. « Le début est difficile avec ces mamans pour expliquer le sens de mon travail, mais après on sympathise et j’ai l’occasion de faire plus de photos », affirme-t-elle.
Luyso explique que ces images montrent sont une seconde chance pour les femmes qui n’ont pas connu une bonne enfance. « Plusieurs femmes n’ont pas connu les poupées, les jeux avec d’autres adolescentes. A travers mes photos, j’essaie de les leur offrir », dit-elle.
Arrivée dans la photographie dans des circonstances troubles de sa vie, Luyso s’est depuis perfectionnée suite aux échanges dans le collectif Elili. Elle expose ses photographies au grand public, notamment un vernissage sur les meilleurs « coins » de Brazzaville, dénommé « Regard sur Brazza ». « Nous expliquons à notre manière ce qu’est Brazzaville, le jour, mais aussi la nuit. Les photos l’expriment bien, comme on peut le voir », indique-t-elle aux visiteurs.
Le collectif Elili compte 17 photographes dont deux filles. Jessica Mampouya est l’une d’elles. « J’ai commencé à faire de la photo juste pour payer mes cours au lycée. Donc je courais après chaque événement pour pouvoir réaliser un certain nombre de photos et gagner plus d’argent. Je n’avais aucun souci artistique, aucune idée de création », se souvient Jessica Mampouya, la trentaine aujourd’hui.
La jeune photographe travaille sur un sujet très romantique, « Le crépuscule ». Elle a choisi la poitrine de la femme pour décrire le mouvement du jour. Du lever du soleil jusqu’au coucher. « Et c’est comme les seins de la femme. J’ai photographié différentes poitrines. Chez l’enfant, il n’y a presque rien, et chez la vieille tout est tombé », explique-t-elle avec ironie.
Jessica a tenu bien dur pour rester dans la photographie professionnelle. Très peu d’hommes l’ont admise. « On est soumis à beaucoup d’harcèlement, les hommes ne croient pas à vos qualités d’artiste », témoigne-t-elle avant d’ajouter : « Un jour un homme m’a crié dessus au cours d’une cérémonie, me demandant comment j’avais fait pour me retrouver ici. J’ai répondu sans hésiter, c’est grâce à mon passeport, en lui montrant mon appareil photo ».