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Une journée ville morte mitigée à Kinshasa

L’appel de l’opposition congolaise à la journée « ville morte » pour exiger le départ du président Joseph Kabila en décembre,  a été  bien suivie le 19 octobre en matinée à Kinshasa la capitale de RDC. L’après-midi, alors que quelques promoteurs d’activités informelles s’apprêtaient à fonctionner, la pluie les a condamnés à ne pas bouger. Certaines villes des provinces ont correctement vaquer à leurs activités.

Le mot d’ordre lancé par le Rassemblement des forces politiques et sociales de l’opposition a été suivi à Kinshasa. Surtout dans la matinée. Les grandes artères comme le boulevard du 24 novembre, le Triomphal et celui du 30 juin ont été assez vides de circulation. Les rues étaient désertes dès le lever du jour, selon plusieurs témoins et les populations qui ont cette fois préféré rester chez elles.

Les transports en commun publics circulaient à vide ou presque alors que les minibus privés « 207 » étaient invisibles et la circulation en général pratiquement inexistante. Dans certaines communes comme la Gombe, les populations ont essayé de vaquer à leurs occupations. Certains commerces ont même ouvert, avant fermer par crainte de pillages.

Les boutiques étaient fermées, mêmes si les stations-services étaient ouvertes, mais il n’y avait pas de clients. Seules quelques vendeuses ambulantes affrontaient la solitude des rues, proposant du pain ou des fruits dans certains carrefours de la capitale congolaise. Nombreux ont dit craindre pour leurs biens, d’autres ont affirmé avoir respecté le mot d’ordre de l’opposition.

La pluie qui s’est ensuite mêlée à l’appel de l’opposition n’a pas manqué d’inspirer quelques mots aux Kinois. Sur les réseaux sociaux, ils se sont exprimés de belles lettres. «  Chaque fois qu’on parle de ville morte, même le soleil se met en observation » a déclaré un kinois sur Facebook. « La pluie a donné un coup de massue à cette grande journée, plus rien à dire, Dieu a été avec les opposants », a écrit un autre sur le même réseau social.

Mais, on pouvait aussi lire sur Facebook « carton jaune », ou «  jj-60 ». Devant le palais du peuple et dans les quartiers dits chauds,  un important déploiement policier et militaire était visible.

Dans le reste de RDC, les manifestants ont pu sortir. A Goma, par exemple, nombreux citoyens ont marché et déposé des cartons jaunes devant le gouvernorat, disant que c’était un « dernier avertissement » au président Kabila.

A Bukavu, par contre, toutes les activités ont été ouvertes. Les écoles et les commerces, l’administration publique et les sociétés privées ont fonctionné.

Il y a quelques semaines, une marche de l’opposition avait fait de dizaines de morts à Kinshasa. Les forces de l’ordre avaient violemment réprimé les manifestants qui demandaient au président Joseph Kabila de quitter le pouvoir dès la fin de son deuxième et dernier mandat le 19 décembre 2016. Mais, la police avait aussi enregistré de nombreuses pertes en vies, des policiers charcutés ou brûlés par des foules en colère dans les rues de Kinshasa. Il y a eu beaucoup de calme et d’apaisement cette fois-ci, bien que la journée ville morte supposait que les manifestants restent chez eux.

Un accord politique est intervenu la veille de cette marche. Le mandat du chef de l’État, au pouvoir depuis 2001, expire qui le 20 décembre, a été quasiment repoussé jusqu’en avril 2018. La Constitution lui interdit de se représenter pour une troisième fois consécutive.