Les élèves de l’école congolaise, le préscolaire, le primaire, le collège et le lycée, reprennent les cours ce lundi 3 octobre. Un grand rendez-vous qui appelle les enfants, les parents d’élèves et surtout l’Etat à relever de nombreux défis. Vox Congo propose à ses lecteurs, à partir de ce 28 septembre, une série de reportages et de thématiques peignant l’école congolaise et l’administration scolaire.
Les jours passent vite et c’est déjà la fin des vacances pour les élèves et les enseignants. Renouer avec l’école est un exercice réjouissant pour les enfants, mais un peu stressant pour les administrateurs qui ne sont pas toujours sûrs de relancer des établissements scolaires dans les meilleures conditions qui soient.
Le retour à l’école se fera avec une nouvelle tenue scolaire. L’Etat a décidé que le port de la tenue uniforme soit obligatoire. Le bleu-kaki va désormais mettre fin à une kyrielle de couleurs dans les établissements scolaires. C’est la marque de l’autorité et de la discipline. En plus, la ministre Destinée Ermela Doukaga a décidé de l’enseignement de l’Education civique comme discipline à part entière dans tous les établissements du primaire et du collège.
Des cours à même le sol
La question de tables-bancs reste de loin réglée. Plus de 242.000 tables-bancs manquent en effet dans les écoles du Congo. La situation est pire dans les zones forestières, où les enfants apprennent à même le sol. Le bois ne sert qu’à autre chose finalement. L’initiative du ministre Hellot Mantson Mampouya, visant à importer les bancs de France a été sévèrement critiquée dans l’opinion, si bien que le projet ne s’est arrêté qu’à 32.000 tables-bancs, fournis dans les lycées de Brazzaville. Et ce pour un coût global de 1,5 milliard de francs CFA
Mais le déficit est tel qu’il faut au moins 7 milliards pour combler les besoins en tables-blancs. Un budget qui n’a pu être approvisionné, malgré les deux années dites de l’Education. Finalement les 40 milliards de francs CFA prévus chaque année ne sont pas arrivés. Les établissements scolaires vieillissants n’ont pas été réhabilités. Des nouveaux qui devraient être construits, nombreux ne sont pas achevés ou équipés.
Le ministre actuel de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’Alphabétisation, Anatole Collinet Makosso, est déterminé à maintenir la gratuité dans les écoles, malgré ces temps durs de vache maigre. Le ministre l’a répété au Conseil National de l’Education, appelant les enseignants à donner des enseignements de qualité, malgré « la conjoncture économique difficile ».
L’année dernière, plus de 4 milliards de francs CFA devraient servir au fonctionnement de l’école. Des grincements de dents ont cependant été enregistrés auprès de certains proviseurs et directeurs qui ont fait fonctionner leurs établissements à crédit, faute de liquidité. Les opérateurs économiques et autres fournisseurs de services viennent toujours frapper à la porte.
Des enfants mal formés
La qualité de l’enseignement constitue le souci quotidien des parents qui s’interrogent sur l’avenir des enfants qui ne savent ni lire ni écrire. L’école coûte cher, admettent les parents qui, chaque année, déboursent d’importantes sommes d’argent pour préparer la rentrée des enfants.
Le problème est ailleurs. Il manque trop d’enseignants pour que les classes soient aérées et permettent ainsi aux enseignants de suivre les élèves. Environ 14.000 enseignants manquent à l’école congolaise. La Fonction publique, déjà au bord de l’implosion, n’ouvre plus assez larges ses portes pour recruter. Chaque année, les quotas varient entre 700 et 1500 enseignants à recruter. Chaque année aussi, le déficit augmente. Et depuis plus de deux ans, les intégrations sont quasiment stabilisées. Conséquence : les ratios dans les classes sont étonnants : 150 à 200 élèves pour un enseignant dans les villes. Dans les villages, l’instituteur regroupe jusqu’à trois niveaux à enseigner, sans compter parfois ses fonctions de directeur d’école. Comment dans ces conditions s’attendre à une formation de qualité pour les enfants ?
Les taux de réussite aux examens restent faibles. Le BAC ne dépasse pas les 30% d’amis depuis un moment. On devrait cependant se contenter d’un léger mieux. Les résultats du BEPC, plus de 39.600 admis, sont encourageants par rapport à l’année précédente où il y a eu plus de 31.000 cas de réussite. Le BAC remonte. Les résultats de l’année 2015-2016 sont à plus de 50% de hausse, bien que la réalité ne donne pas plus de 21% du taux d’admis. Mais, ces résultats ne représentaient que 10% de succès.
Ecole privée, la solution salée
L’école privée parait la solution, avec des effectifs raisonnables. Mais elle a aussi ses problèmes. Le cadre d’enseignement n’est pas approprié et les enseignants ne sont pas formés et donc qualifiés à enseigner. Les jeunes diplômés en quête d’emploi qui y prestent déversent un savoir non certifié. Les promoteurs courant après des taux de succès faramineux utilisent la fraude pour garder la tête haute. Le ministre Makosso a d’ailleurs suspendu pour cette année 2016-2017 l’école privée Charles Montesquieu. On sait cependant que le réseau de ces écoles qui achètent les matières d’examens est très dense et que la sanction contre Charles Montesquieu sera un coup d’épée dans l’eau si le gouvernement ne s’arrêtait que là.
Une poignée importante d’écoles privées cependant sortent du lot. Elles font bien, avec des enseignants de qualité. Ces établissements sont par ailleurs exigeants. Les frais scolaires sont exorbitants et très peu de parents parviennent à les payer régulièrement. Des frais mensuels qui avoisinent parfois le revenu d’un Congolais moyen. Seuls les enfants de nantis peuvent y accéder.
L’enseignement technique bat de l’aile
Les trois dernières décennies ont érodé la formation technique des élèves. Le manque de matériel et de formation en adéquation avec l’emploi peut être ajouté sur la longue liste des raisons qui bloquent l’enseignement de ce côté. Le BAC et les différents brevets techniques sont devenus très peu fiables. Les employeurs sont obligés de retourner par plusieurs fois un diplôme délivré à l’enseignement technique pour pouvoir embaucher un élève sorti de ces écoles.
Le ministre en charge de l’Enseignement technique, Nicéphore Antoine Thomas Saint Eudes Fylla, conscient du challenge, a récemment lancé une campagne en faveur de cet enseignement. Cette campagne, espère-t-il, va faire aimer l’enseignement technique aux enfants qui de plus en plus en tournent le dos. Ajouter à cela, un gros lot d’échecs scolaires et le manque de débouchés après la formation.
Le ministre Fylla qui a rendu obligatoire le port de la tenue uniforme dans tous les établissements d’enseignement technique semble disposer de la ressource pour remettre l’enseignement technique dans son rôle d’antan.