La RPDH tient sa réunion à Pointe-Noire, malgré l’interdiction de la police
La Rencontre pour la paix et les droits de l’homme (RPDH), une ONG des droits de l’homme basée à Pointe-Noire, a tenu du 9 au 10 mai dans la ville pétrolière, une importante réunion sur la corruption dans le processus REDD+. Cette réunion avait été interdite par les autorités administratives et policières de Pointe-Noire, affirmant n’avoir jamais été mises au courant d’une telle activité.
La réunion s’est réduite en une réflexion de peau de chagrin, contrairement à l’organisation initiale qui prévoyait cérémonie pompeuse en présence des médias dans un luxueux hôtel de la place. Les policiers ont investi les lieux avant que les organisateurs n’arrivent, demandant aux membres de la RPDH d’annuler leur activité qui n’a pas été autorisée par les autorités préfectorales de Pointe-Noire. Selon un policier trouvé sur les lieux, un plan de dispersion sauvage et violente de la salle avait même été concocté. Mais, le chef de la police de ce département aurait souhaité agir plus humainement, préférant parler directement avec les responsables de la RPDH.
Selon le secrétaire général de la RPDH, Franck Loufoua Bessi, cet incident serait directement lié au procès du général Jean Marie Mokoko qui se déroulait alors à Brazzaville. « C’est un climat de terreur qu’on vit ici à Pointe-Noire depuis que ce procès s’est ouvert. Notre réunion a pourtant des thématiques bien différentes de cette affaire Mokoko, mais on ne comprend pas pourquoi on nous interdit de nous réunir », a-t-il déploré, appelant les autorités et les services de police à plus de dialogue avec la société civile locale.
Une dizaine de personnes avaient fait le déplacement de Pointe-Noire où elles devraient rejoindre d’autres participants locaux pour discuter des questions de corruption au sein du processus REDD+, un mécanisme que le Congo a adopté pour gérer durablement ses forêts et gagner des dividendes générées par le crédit carbone.
La réunion consistait essentiellement à identifier les risques de corruption dans ce secteur. Le secteur forestier n’est en effet pas épargné par cette gangrène qui ronge l’économie nationale. La REDD+ destinée à générer des fonds, la RDPH a estimé qu’il était de bon aloi que les organisations de la société qui travaillent dans ce domaine puissent se doter des outils nécessaires de lutte contre la corruption. « La corruption est évidente dans le processus REDD+ tout comme dans l’ensemble du secteur forestier congolais. C’est pourquoi, dès le départ on a adopté des sauvegardes pour lutter contre les antivaleurs. La réunion a permis d’échanger sur les différentes perceptions de la corruption dans chacune de nos organisations », a expliqué Roch Euloge N’zobo, un activiste venu de Brazzaville.
Joseph Badevokila qui a assuré la modération de la rencontre et qui pilote l’ensemble de l’étude, a rappelé aux participants l’intérêt de cerner la question de la corruption pour savoir en mener la lutte. « Généralement la question de la lutte contre la corruption est une question de gouvernement. Mais, il est bon que désormais s’impliquent également dans cette opération les citoyens, parce que ce sont en définitive eux les vrais bénéficiaires des investissements constamment détournés », a-t-il indiqué.
Les ONG venues de Ouesso, de Brazzaville, de Dolisie, de Sibiti et de Pointe-Noire ont échangé sur la mise en place d’un plan de validation des risques de corruption dans le processus REDD+. Une liste primaire de ces risques a été établie. Elle servira à constituer des outils pour sensibiliser les différents acteurs sur cette gangrène. L’activité a été financée par l’Agence française de développement (AFD) et les résultats seront publiés par Transparency international, partenaire de la RPDH dans ce projet.