L’ambassadeur de Chine au Congo, Ma Fulin s’est montré très offensif et déterminé à donner des réponses à toutes les questions soumises à lui, lors de son passage à l’émission L’Entretien, une production de Vox TV diffusée cette semaine. Ma Fulin aborde limpidement les questions de dette avec le Congo, d’allégations de destruction de l’environnement par les sociétés chinoises et celle liée à l’avenir des investissements chinois au Congo. Pékin aurait décidé de communiquer directement dans l’intérêt des populations qui entretiennent souvent une image négative de la Chine.
Il y a encore quelques mois, aucun ambassadeur chinois ne pouvait s’exprimer à la presse avec autant de profondeur. Le diplomate chinois s’est en effet très peu servi de velours pour toucher des situations qui frustrent les Congolais dans leur appréciation des actions de la Chine dans le pays.
Ma Fulin a, par exemple, clairement indiqué que la dette du Congo vis-à-vis de la Chine n’engageait réellement pas le gouvernement de la République populaire de Chine, mais une banque.
C’est une dette entre le Congo et la banque chinoise pour l’export et l’import (Eximbank). Parlant de la dette qui implose en partie la situation économique du pays, l’ambassadeur chinois a plutôt estimé que le Congo était victime de sa dette avec les traders pétroliers, qualifiant cette situation de « perte de sang » permanente, « c’est comme un trou ». C’est une dette à l’usure, a-t-il commenté. Le Congo doit régler la question de sa dette par les projets de développement, a-t-il renchéri, rappelant que la Chine a annulé plus de 20 millions de dollars (environ 10 milliards de francs CFA), une somme qui représente toute la dette congolaise arrivée à échéance. L’ambassadeur a aussi rappelé que la Chine avait fait don cette année de quelque 80 milliards de francs CFA au Congo. Il a ajouté que son pays avait aide le Congo à savoir dans quels termes cette dette a été contractée.
Toujours plus offensif, le diplomate a balayé d’un revers de la main les accusations des ONG et des populations rurales de destruction de l’environnement dans les sites où les sociétés chinoises exercent les activités d’exploitation minière et forestière. « Ce ne sont pas des sociétés chinoises, mais des individus qui sont en affaires avec les opérateurs congolais », a clairement expliqué Ma Fulin.
En réalité, l’ambassadeur de Chine au Congo répond à une note diplomatique adressée par le ministre des Affaires étrangères chinois, demandant à tous les ambassadeurs, spécialement en poste en Afrique, de communiquer avec « pédagogie », les actions de la Chine en Afrique, dans le but notamment d’enrayer l’image négative qu’on se fait d’elle. Pour une première fois, depuis août dernier, les ambassades chinoises se sont dotées de comptes Twitter et de pages Facebook pour communiquer sur les actions de la Chine sur le continent. Désormais, à chaque activité, les Chinois associent la presse locale, ce qui n’était pas possible, il y a quelques mois. La plupart de rencontres avec les diplomates chinois étaient « off record » à Brazzaville.
Dans le cadre de l’initiative de la « Ceinture et route » prise par le président Xi Jiping, la Chine veut s’ouvrir de nouveau au monde extérieur. Elle invite régulièrement sur son territoire ses partenaires, pour leur montrer les efforts fournis par l’Empire du milieu, devenu en moins de 40 ans, deuxième puissance économique du monde, juste après les Etats-Unis. Cette politique d’ouverture sur le sol chinois porte déjà ses fruits, et les Chinois veulent aller plus loin en faisant la pédagogie de leurs efforts en Afrique.