L’artiste musicienne Gladys samba exhorte la femme congolaise à retrouver son identité
L’artiste musicienne Gladys Samba a donné le 24 février à Brazzaville, un concert musical à ses mélomanes. Ce spectacle qui vient annoncer les couleurs du mois de mars, le mois de la femme, a ramené le public dans les tréfonds de la culture ancestrale où l’instruction de la jeune fille passait par la chanson. De par ses prestations, l’artiste a fait également la promotion de la langue maternelle.
« Je m’évertue, par des chansons traditionnelles, à réveiller la conscience de la femme congolaise qui prône son émancipation, pour lui dire qu’il y a une sphère qu’elle semble aujourd’hui jeter dans les oubliettes. Il s’agit de quête de l’identité de la femme. Et cela n’est possible qu’à partir de la revalorisation de nos langues maternelles », a indiqué Gladys Samba lors de sa prestation scénique à l’Institut français du Congo.
L’artiste musicienne a fait savoir qu’elle chante des mélodies connues de l’époque des grands-mères, des mères, des mélodies que les enfants peinent aujourd’hui à chanter par ignorance, ajoutant que les langues sont d’une beauté authentique. C’est le vecteur de la sagesse qui devrait se transmettre de génération en génération. C’est ainsi que les grands-mères instruisirent la jeune fille appelée demain à fonder une famille.
L’œuvre de Gladys Samba est complexe. Gladys chante en plusieurs dialectes du pays en y apportant sa touche, quoique le kikongo parlé dans le département du Pool paraisse le plus dominant. « Nos langues maternelles tendent aujourd’hui à disparaître. Il revient à nous, femmes, de redémarrer ce moteur refroidi par la culture occidentale. N’oublions pas que nos langues nous ont, d’une manière ou de l’autre, forgé. Perpétuons nos valeurs qui se meurent, en instruisant nos filles par ces chansons traditionnelles porteuses de messages », a fait remarquer l’artiste musicienne.
La chanson au cœur du quotidien, Gladys témoigne que les femmes fredonnaient des airs pour rendre une tâche facile à assumer, à l’instar de « Tuteno » Pilez qu’elles chantaient lorsqu’elles étaient à la cuisine. Dans l’ensemble, toutes les activités avaient un chant approprié. « Et le travail avançait, et on ne se rendait même pas compte du temps qui s’écoulait. Dans l’amusement, on vaquait à ses occupations et on apprenait les codes de la société. Gladys a un titre qui rappelle le moment de la récolte Elle s’attaque également aux femmes de mauvaises mœurs à qui elle dédie le morceau « Budéva futa Mfuka ». Qui paie ses dettes s’enrichit.
C’est dans la berceuse chant » dans son morceau intitulé « Mwana wu dila » Enfant ne pleure pas que Gladys démontre la thérapie de la femme pour calmer un enfant qui s’agite, crie, pleure. C’est à l’école de la douceur que la jeune fille acquiert l’art d’amadouer, de parler avec conviction, de calmer les tensions qui peuvent surgir dans le foyer comme partout dans la société, a-t-elle signifié.
Pour Gladys, la femme est appelée à développer son sixième sens. A l’époque, elle arrivait à transcender dans l’au-delà pour ramener sur terre les âmes menacées. On parlait de «Mukichi » ou « Bonkéta ». Ce côté mystique était une initiation. Son titre «Mbila», L’ Appel, évoque ce rituel fait aux mânes pour redonner le sourire aux jumeaux attristés, plus fort encore, pour les ramener à la vie .
Ce concert musical s’est réalisé grâce à l’appui de l’Institut français du Congo, dans la solidarité féminine manifestée par la présence des artistes musiciennes congolaises, Oupta et Spirta,