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Le cerceau n’amuse plus les enfants

Au Congo, les cerceaux ont complètement disparu de la sphère du jeu au profit des jouets en provenance de l’orient et de l’occident. Il y a plusiuers années, ce cylindre extirpé de la roue d’une bicyclette ou d’un vélomoteur a fort amusé les petits qui en ont tiré une bonne leçon sur la concentration. 

Le cerceau, ce cylindre qui est l’équivalent de la jante, pour les roues de motos, n’amusent plus les enfants accrochés aux Smartphones et jeux vidéos. A l’époque, de nombreux enfants, en particulier les garçons, n’avaient pas le privilège de se voir offrir pour cadeau un vélo cycliste. Seuls les enfants issus d’une famille nantie pouvaient en posséder un à son anniversaire ou à l’occasion de la fête de Noël.

Devant une telle difficulté, les enfants démunis ne croisaient pas les bras. Ils se déployaient dans les quartiers à la recherche d’un réparateur des vélos pour se procurer des roues hors d’usage. Une fois la roue obtenue, ils lui arrachaient ses rayons et faisaient du cylindre, appelé alors cerceau, un objet de valeur qui était leur vélo.

Muni d’une tige métallique ou en bois, l’enfant le plaçait au milieu du cylindre pour lui permettre de se déplacer en le poussant en avant. Les garçons couraient dans tous les sens, produisant ainsi un grincement qu’ils assimilaient au bruit d’un moteur en marche. La tige en bois ne donnait pas le même effet, il était assimilé à un moteur silencieux.

Loin d’engendrer une activité ludique, le cerceau a également servi d’équipement de sport. Les responsables d’établissements scolaires n’ont pas hésité à créer le jeu de cerceau. Sans le savoir, le fait de courir après lui dans les ruelles du quartier préparait les futurs athlètes au marathon et à la course. Après une journée de cerceau, l’enfant rentrait à la maison épuisé, le corps dégoulinant de sueur, la chemise collée à la peau, soit à la main quand elle n’était pas négligemment posée sur l’épaule. Parfois, elle restait introuvable et gare à la chicotte !

Attaché à un fil assez solide, le cerceau se prêtait quelques fois aux jeux d’acrobatie.

Les filles se servaient du cerceau pour le « hourla-up » à l’image des majorettes. Elles trouvaient du plaisir à laisser tourner le cylindre autour de la taille dans un mouvement de hanche accéléré. Le jouet descendait le long des cuisses et remontait selon l’aptitude des unes et des autres. Il naissait au milieu des enfants, un esprit d’équipe, de compétition, de détermination.

Le cerceau a développé chez certains enfants le goût de la conduite. Plus d’un taxi-man interrogé dans la rue l’ont témoigné.

L’utilisation du cerceau a cultivé chez les garçons les réflexes de la promptitude à venir en aide aux aînés, voire, le sens de la responsabilité. En compagnie d’un « ami fidèle », ils n’hésitaient pas à rendre service pour l’achat d’un condiment oublié au marché. Quand il fallait courir acheter du charbon ou du bois au coin de la rue, le cerceau était le meilleur moyen qui accompagnait les enfants. Ils se le proposaient d’ailleurs sans qu’on le leur demande. Le seul moment qui obligeait la mère d’arracher le cerceau entre les mains du « chauffeur», c’est quand il fallait acheter de l’huile, du pétrole, du sucre ou du sel. Tenue d’une seule main, la commande pouvait se renverser.