Le Cercle culturel Vwéla nait avec l’exposition d’un livre de contes
L’artiste allemande Eva Vone a organisé à Brazzaville une exposition des photographies dans le cadre du projet artistique « Les contes de chez nous » à l’espace culturel « Vwéla » du céramiste congolais Simon N’sondé Miakalouzabi.
Les photographies, genre «telling story», sont chacune porteuse d’un conte recueilli à Mbomo dans le département de la Cuvette congolaise. Elles sont aussi gravées en double version dans un livre de 24 titres sur 150 pages intitulé « Congo tales ». Ce livre est un même temps un manifeste, une œuvre d’art et un outil pédagogique.
Cette mosaïque culturelle de 24 titres est traduite de part et d’autre en française et en langue nationale parlée dans cette partie nord du Congo, le lingala. Parmi les titres figurent entre autres Bosangani : Ebalé na monama (Carrefour fleuve et arc-en-ciel), Masolo ya banzété na banzété ya masolo (Histoire d’arbres et arbre des histoires), Bandéko babalé (Les deux frères), Banyama, « totems » na bilembo na yango (Les animaux, totems et symboles), Lisapo ya mwana ya mbisi pe ya ngando (L’Histoire du petit poisson et du crocodile), Eténi ya bokila, (Une partie de chasse).
Ces titres également représentés sur des pittoresques photographies en aluminium se prêtent à la peinture. «Ces tableaux ne sont pas à vendre », a précisé Taina Moreno un membre de l’équipage. « Nous allons mettre à la disposition de tous les lecteurs du Cercle Vwéla, près d’une vingtaine de Congo tales. Dans la même optique, une bonne partie sera acheminée vers des établissements scolaires de Mbomo», a-t-elle poursuivi.
«Le choix porté sur le Congo pour réaliser «Les contes de chez nous» est pour moi une façon d’amener l’humanité à découvrir au travers de sa diversité culturelle, les massifs forestiers du Congo, dit poumon vert, qui maintiennent l’équilibre de l’écosystème à travers le monde. Bien des nations connaissent l’Amazonie comme la plus grande forêt mais ignorent par contre l’importance capitale que revêt ces massifs forestiers situés au nord de la Cuvette congolaise », a déploré Eva Vone.
Partenaire du projet, l’artiste musicien Régis N’sondé appelé Kovo, a indiqué que l’enjeu de cette œuvre littéraire est d’abolir les relations de domination entre langue, cultures et civilisations, au profit du devoir de mémoire des histoires particulières et universelles. « Ces histoires émanent de l’intimité de chaque identité culturelle du nord au sud du Congo. Elles s’esquissent en traits d’union pour restaurer les annonces de sens en gestation », a dit Régis N’sondé.
Reprenant le roi Ghezo, le linguiste Auguste Miabéto a pour sa part notifié que «c’est sur la corde tressée par les ancêtres que l’on tresse la corde nouvelle», pour signifier que toute société a besoin de s’enraciner dans l’histoire et la tradition afin d’y puiser sagesse. Ce, après avoir conté aux invités assis à ciel ouvert sur des chaises en lianes disposées sur des nattes, une des belles histoires tirées de ce chef-d’œuvre. L’humeur était à la fête sous les feux tricolores des ampoules vert-jaune-rouge accrochées aux câbles entrecroisés.
Le Cercle des cultures et des arts «Vwéla» autrement dit «Le siège des initiés» est un nouvel espace qui a vu le jour lors de cette soirée culturelle animée avec les instruments de musique traditionnelle à l’instar de la sanza, le tam-tam, la maracasse. Les paroles envoutantes d’Elie Libérat, Blaise Mbemba Ya pototo, Olivier Nkodia dit Moukouyou, la Pie d’or et les Tambours sacrés du Congo ont détendu la foule.
Vwéla s’inscrit dans la liste des espaces culturels des particuliers. Il suit les pas de l’Espace Zao, l’Espace Kongo, La P’tite faim, des Ateliers Sahm et bien d’autres encore.