Le Congo mise sur ses étudiants à Cuba pour faire face à la Covid-19
Le gouvernement envisage prendre une nouvelle option dans sa lutte contre la Covid-19, en intégrant dans les centres de prise en charge les médecins en fin de formation à Cuba, dès leur retour cette année au pays. La discussion en est au plus haut niveau de l’État et les premières dispositions sont en train d’être prises.
L’idée a été évoquée et saluée dans les travaux de la Task force et lors du dernier conseil des ministres. Les premiers jalons commencent même à être posés. Il s’agit de quelque 200 étudiants en fin de formation de médecine à La Havane.
Dès leur arrivée à Brazzaville, ces étudiants devraient avoir le statut de fonctionnaires de l’État, et vont être affectés dans les différents hôpitaux du pays, notamment dans les centres de prise en charge des malades de covid-19.
Le Congo compte actuellement 1.821 cas de contaminations dont 47 décès et 525 guéris. Mais, les experts et les fins observateurs estiment que ce nombre va quadrupler en un temps record, si les autorités organisaient des tests massifs à Brazzaville et à Pointe-Noire, les deux principales villes du pays, et qui sont pour l’instant le foyer de la pandémie. À elles seuls, en effet, ces villes enferment les 96 % des cas enregistrés au Congo. Et ici, le taux de létalité va dépasser les 2 %.
Ces nouveaux médecins venant de Cuba seront placés dans les nouvelles résidences de l’université Denis Sassou N’Guesso située à Kintélé, à une trentaine de kilomètres au nord de Brazzaville. C’est de là qu’ils agiront sur les différents centres de santé.
La Task force et le gouvernement ont noté, mais sans clairement le dire à la population, des manquements dans la prise en charge des cas Covid-19 à Brazzaville. Plusieurs équipements de première nécessité comme les respirateurs, les tests PCR ou les Équipements individuels de protection (EPI), promis par les autorités au personnel de santé sont à peine d’être installés dans les hôpitaux, ou simplement n’y sont pas encore.
Les commandes passées à l’étranger arrivent à compte-gouttes en ces temps de grave crise sanitaire. Selon les informations crédibles, des colis de matériels médicaux et de protection traîneraient en Chine, faute d’avion pour les acheminer sur Brazzaville. Il semble cependant, selon certaines indiscrétions, qu’un avion congolais Iliouchine-76, servant de cargo, pourrait assurer ce transport. Et pourtant, le parlement vient encore d’accorder 20 jours supplémentaires de l’état d’urgence pour permettre au chef de l’État et à son gouvernement d’agir selon les procédures d’urgence à tous les niveaux.
La peur a gagné beaucoup de médecins dont de nombreux collègues ont été exposés au virus. Ce qui explique des diagnostics farfelus au coronavirus, l’absence de bilan biologique pour plusieurs malades dont les examens comme le NFS sont quasiment impossibles à faire dans les hôpitaux publics. Ce qui veut dire, plusieurs patients meurent pour des inflammations et des infections des organes internes. De même, dans la zone dite orange du CHU de Brazzaville, ils sont nombreux à attendre leurs résultats du test Covid-19. Quelques-uns y sont parfois malheureusement surpris par la mort, avant que le test ne se révèle négatif.
Certains médecins ont tronqué leur serment d’Hypocrate, et laissent les malades mourir sans prendre une quelconque initiative. À raison parfois ! Car des décès suite à la Covid-19 ont été enregistrés parmi le personnel soignant. D’autres cas de contamination ont été notés et vivent dans l’anonymat.
C’est dans ce contexte de désert sanitaire et de désespoir pour les populations que le gouvernement envisage injecter du sang neuf dans le système de prise en charge de cas Covid-19. Certes bien formés, mais encore jeunes et inexpérimentés, l’envoi au front de ces nouveaux médecins devrait se faire avec beaucoup de précautions. Ces médecins qualifiés qui ont de la ressource à offrir devraient ensuite servir dans les autres centres du pays où la population n’a pas vu l’ombre d’un infirmier depuis des années.
Le Cuba est l’un des pays au monde dont la formation dans le domaine de la santé est la principale ressource et source de devises. On y compte quelque 2.103 étudiants congolais en formation. En juin 2019, près de 140 étudiants ont été manu militari rapatriés au pays après avoir manifesté dans les rues de La Havane pour le paiement de leur bourse dont les arriérés avaient atteint 27 mois.