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Le général Mokoko restera 20 ans au bagne

Le juge de la cour de la criminelle de Brazzaville, Christian Oba, a annoncé, le 11 mai, un emprisonnement ferme de 20 ans contre l’ancien candidat à la présidentielle de 2016, le général Jean Marie Michel Mokoko. Selon la cour, l’officier a été reconnu coupable des faits d’atteinte à la sureté intérieure de l’Etat et de détention illégale d’armes et de munitions de guerre.

C’est au terme de cinq jours d’un procès très attendu que la sentence a froidement été prononcée. Les juges et les jurés ont suivi le procureur général près la cour d’appel de Brazzaville qui avait déjà requis, quelques heures avant, une peine « pas en dessous de 15 ans ».

Le général Mokoko et ses co-accusés (absents au procès et jugés par contumace) dont Gilbert Moudilou, sont également condamnés à payer symboliquement 1 Franc pour « dommages et intérêts ». La cour a décerné un mandat d’arrêt contre les absents pour qu’ils viennent rejoindre l’ex-chef d’Etat-major en détention criminelle à la maison d’arrêt de Brazzaville.

Dès l’entame de ce procès le 7 mai, Jean Marie Michel Mokoko et son conseil avaient opté pour un mutisme comme stratégie de défense. Il s’est ensuite prévalu de son statut de Dignitaire de la République qui lui confère, au terme de l’article 11 du décret présidentiel qui l’élève à ce rang, une immunité de juridiction, et donc ne pouvait être jugé devant une simple cour criminelle. Un débat, semble-t-il vidé, par la cour suprême qui avait, à la veille du procès, rendu un autre verdict cinglant en défaveur du général de division, en lui levant ce privilège de juridiction. En conséquence, c’est comme un simple citoyen qu’il comparaissait.

Accusé d’atteinte à la sureté intérieure de l’Etat et détention illégale d’armes et munitions de guerre, l’officier congolais ne s’est donc pas donné l’occasion de déballer tout ce qu’il savait de cette affaire. Sa stratégie de silence lui a finalement empêché d’aller jusqu’au fond des choses, les retournant et les soupesant, au grand bonheur du public qui a continué d’arriver très nombreux pour suivre les débats à la cour, malgré les dispositions policières musclées prises à cette circonstance.

Une vidéo montrant le général Mokoko en train de comploter contre les institutions de Brazzaville a été projetée pendant le procès, comme élément de preuve dans l’infraction d’atteinte de sureté intérieure de l’Etat. Ensuite, une douzaine de kalachnikovs, des grenades et une caisse de munitions ont été présentées à la cour pour justifier la « détention illégale d’armes de guerre ».

Incarcéré depuis deux ans, l’ancien candidat à la présidentielle de 2016 n’a pas toussé lorsque le juge Oba lisait le verdict. Fidèle à leur mutisme, même les avocats n’ont pas pris la peine d’annoncer un recours quelconque, même quand le juge et la loi leur donnent trois pour le faire.

Dans les milieux favorables au général Mokoko, ce verdict a tout naturellement été rejeté, dénonçant un procès « inique » et joué d’avance. Par contre une autre opinion, proche des autorités, salue un procès exemplaire.