Le marché du lycée Thomas Sankara tapissé de boue
Au marché du lycée Thomas Sankara, à Talangaï dans le 6earrondissement de Brazzaville, les denrées alimentaires étalées à même le sol, sur les monticules légèrement aménagées ou sur les tables aux pieds à moitié enfuis dans la boue, sont tout de même approchées par les populations qui ne savent quoi faire.
La situation est plus que catastrophique dans le marché lycée Thomas Sankara, particulièrement sur l’avenue principale où sont habituellement déchargés les sacs de foufou, de maniocs, des sacs de maniocs rouis, les paquets de feuilles d’emballage, les paquets de gnetum africanun vulgairement appelés coco.
Olga Massembo, une vendeuse de vivres frais, a marqué son désarroi vis-à-vis des agents de la mairie et des policiers. « Nous payons les taxes à 3.200 francs CFA par mois, 500 francs CFA tous les jours à la mairie, 200 francs CFA à la police et 200 francs CFA pour «l’entretien» des lieux ! », a ironiquement martelé Olga.
Soucieuse de sa santé, elle serait victime d’une fièvre typhoïde détecté il y a peu, après avoir été secouée par un paludisme qui a failli l’emporter.
Tous les marchands désemparés se sont plaignent du rôle de la municipalité. Marien Olanga, contrôleur d’une camionnette de « coco » a affirmé dépenser 6 .000 francs CFA tous les trois mois sous l’étiquette des frais de parking. Chaque voyage exige une somme de 3.000 francs CFA valable pour deux jours au maximum. «Les gros camions, eux, versent 12.000 francs CFA à la police à chaque trafic, sans compter ce qu’ils payent à la mairie, et voilà le résultat ! », a décrié le receveur.
La route autrefois ferme a été détériorée par le poids des camions et camionnettes en provenance des villages nord comme Abala, Ewo, Kéllé, Mbouomo, Owando et Makoua. Leur parking est devenu un espace boueux, curieusement attrayant, puisque les vendeurs y pratiquent encore leurs activités quotidiennes. Les clients de leur côté font des provisions comme si de rien n’était. L’astuce, il suffit d’adopter une démarche de caméléon pour avoir accès à telle ou telle marchandise.
Dans le but d’aider les populations qui redoutent parfois de mettre les pieds dans la pâte noire glissante et puante, les marchands déversent sur la nappe boueuse les déchets des feuilles vertes de gnetum africanun ainsi que les palmes encore vertes qui ont servies à soutenir et protéger la denrée durant le voyage.
Cette astuce permet au moins aux acheteurs de circuler dans cette boue avec les pieds légèrement enfoncés. La question reste à savoir si les oranges pourries, les épluchures d’ananas, de bananes et de mangues qui y sont également jetés contribuent à aménager le passage.
Le marché lycée Thomas Sankara, dressé sur un si petit espace est pourtant riche en contenu. C’est un marché quelque peu central qui alimente non seulement les grands marchés comme Ouenzé, Moungali, Bacongo, mais approvisionne également les petits marchés improvisés, perdus dans les quartiers des 9 arrondissements de la capitale.