Le PNUD appelle à un dialogue entre population et ninjas dans le Pool

Le Haut-commissaire à la réinsertion des ex-combattants, Euloge Landry Kolelas a lancé le 18 décembre à Kinkala des plate-formes de dialogue intra-communautaire, après deux ans de conflit dans le Pool. Pour le Programme des Nations Unies pour le développement qui accompagne ce dialogue, les communautés civiles et les ninjas qui vivent désormais dans la grande méfiance doivent se parler pour oublier le passé.

Les populations et les ninjas doivent se parler dans le but d’oublier le climat de violences qui a caractérisé les deux dernières années dans cette région voisine de Brazzaville.

Il s’agit pour les autorités de mettre ensemble les deux camps appartenant à une même communauté, parlant une même langue et qui ont vécu de grandes violences pendant les dernières guerres dans le Pool. Les ninjas, armés et en rébellion, se sont attaqués à leurs propres parents, détruisant les biens et tabassant les individus, notamment ceux qu’ils qualifiaient de « traîtres ou d’infiltrés ». L’heure est venue pour fumer le calumet de la paix.

Le capitaine Christian Tchicaya de l’église Armée du Salut, estime que les populations sont prêtes à échanger sur ces questions brûlantes, et l’église pourra accompagner les comités locaux de dialogue. « L’Eglise doit s’impliquer, parce que ces gens-là sont à nous. Nous devrons les amener au dialogue, pour que toute personne qui a quelque chose dans son cœur ou qui mijote encore une pensée de revanche, qu’elle arrive à se défouler et revenir à la vie normale. Les gens sont prêts, on n’a pas vu les gens qui sont allés construire ou vivre en solo. Malgré ce qu’ils portent comme fardeau, ils sont toujours prêts à dialoguer », assure-t-il.

Pour le Haut-commissaire à la réinsertion des ex-combattants, il faut le dialogue commence au sein de la famille. Que ceux qui ont subi les violences armées se parlent à présent. Landry Euloge Kolelas « Avant, il n’y avait pas de dialogue intracommunutaire, mais on s’est dit, avec l’expérience du passé, il y a eu près de huit expériences de 2000 à 2015. C’est d’abord au niveau de la cellule familiale. Un neveu qui vient vous piller, il faut dialoguer, ça commence là, avant d’amener ça ailleurs », affirme-t-il, convaincu.

Le PNUD qui accompagne cette initiative du gouvernement appelle les victimes et les ex-combattants à oublier tout ce qui s’est passé. Emma Ngouan a représenté l’organe onusien à Kinkala, lors du lancement officiel de ce dialogue dans le Pool. « Le but de ce dialogue dans tous les districts de la région c’est de mettre les gens ensemble, de leur permettre de trouver les plate-formes pour se parler : dire ce qu’il y a sur le cœur, se pardonner, parce qu’on est appelé à vivre ensemble. Et je pense que cela doit se faire par les communautés elles-mêmes », indique Emma Ngouan.

Ce dialogue arrive quasiment une année après la signature, le 23 décembre 2017, des accords de paix entre Forces armées congolaises et les miliciens. Le préfet du Pool, Georges Kilebe note de significatives avancées. « Principalement l’ouverture de tous les accès à la populations, tous les bouchons avaient été levés, l’armée a laissé place à la police et la gendarmerie, ceux qui avaient quitté leurs villages sont revenus, les écoles ont repris, les ex-combattants sont revenus dans les villages et ont coupé leurs cheveux, et l’avant-dernier acte c’est la reprise de la circulation du train dans le Pool », apprécie-t-il.

Le dialogue lancé ce jour va se poursuivre dans les villages.

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