Le poisson fumé manque à l’appel

Du port de Liranga (Likouala) à Oyo via Mossaka dans la Cuvette, un seul mot : le poisson « mokalu » est rare. Produit prisé par les Congolais, la rareté de ce poisson, faisant danser l’anse du panier, influe sur  les prix qui passent de 30.000 Fcfa à 60.000FCfa la mallette moyenne et de 75.000 Fcfa à 120.000 Fcfa la grosse mallette.

Interrogés sur cette rareté, les pêcheurs ont une explication : le manque de matériels fiables, les conditions difficiles de pêche et la  méthode archaïque pour fumer le poisson.

Conséquence : une inadéquation entre l’offre et la demande qui cause la flambée des prix sur le marché. Autres éléments à ce dossier : le nombre d’intervenants dans le processus de la production à la distribution jusqu’ à la consommation. Les prix varient en fonction de la proportion de la mallette et de la taille du poisson fumé.

La revendeuse des marchés  Mikalou, Ouenzé ou Moungali dispose ses tas à 2.500 francs CFA pour trois (3) petits poissons ; 5.000 francs CFA pour quatre (4) poissons moyens et le dernier tas est à 10.000 francs CFA pour trois (3) gros poissons. Quoi qu’il en soit, un tas ne répond souvent pas à la bourse du Congolais.

Mais les femmes, actrices du processus, ont des avis divergents. Elles rejettent la responsabilité à l’État et aux grossistes qui vont s’approvisionner au port d’Oyo. « Hier, l’État avait un bateau dénommé ATC qui facilitait le trafic. Les commerçantes avaient la possibilité d’acheminer le produit à Brazzaville à moindre coût », explique une vendeuse.

Les taxes font flamber les prix

De l’avis d’une vendeuse, le billet coûte cher aujourd’hui et il y a trop de taxes. Le  droit de port est à 1000 frs et à 2000fr CFA par panier ; l’agent  du ministère de la Pêche attend 450 frs sur le colis ; le déchargeur exige 5.000 frs pour le tas des colis.

Outre l’État qui n’assiste pas les pêcheurs dans la fourniture des filets, les grossistes, essentiellement composés de diplômés sans emploi, seraient aussi à l’origine de la flambée des prix sur le poisson fumé. «  Ceux qui achètent le poisson mokalou au marché d’Oyo à 45.000 frs CFA viennent le revendre à Brazzaville à 75.000 frs CFA la mallette. Nous n’avons plus de choix. Il faut bien revendre pour trouver quelque chose afin de subvenir aux besoins de la famille », assure Martine Ngamba vendeuse de poisson fumé au marché de Ouenzé.

L’État devrait prendre à bras le corps cette situation afin de faciliter la pêche continentale (fleuve et rivière) qui représente 68% des poissons consommés au Congo, selon l’organisation des Nations unies pour l’agriculture (FAO).

André Bitoumba, chef du centre des pêches et du développement de l’aquaculture au ministère de la Pêche, explique que le fleuve et les cours d’eau n’ont plus assez à donner, à cause de l’avancement de l’Oubangui qui entraîne l’ensablement du fleuve Congo. 

« Les ministères de l’Agriculture et de la Pêche devraient travailler en synergie, car  les moyens alloués sont insuffisants (9 milliards en 2014) pour le développement  du secteur de la pêche. Il faut  également disposer de la main d’œuvre qualifiante. Sur le plan technique, il faut installer les écloseries dans chaque département afin de fournir les alevins aux pisciculteurs. » 

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