Le Premier ministre suspend le directeur général du laboratoire national

Le docteur Jean Vivien Mombouli a été suspendu le 25 mars de ses fonctions de directeur général du laboratoire national de santé publique. Cette suspension qui arrive en pleine crise sanitaire du coronavirus suscite beaucoup d’interrogations.

Le Premier ministre Clément Mouamba a préféré mettre momentanément fin aux fonctions du directeur général du laboratoire national de santé publique par une note signée le 25 mars. Les raisons de cette suspension n’ont pas été évoquées.

Dr Jean Vivien Mombouli a officiellement pris ses fonctions en mars 2018, succédant au professeur Henri Joseph Para qui a été à la tête de cette structure entre 1998 et 2018. Le docteur Mombouli a également été coordonnateur national de la riposte contre l’épidémie d’Ebola.

Le laboratoire national de santé publique, construit depuis l’époque coloniale en reste au cœur des attentes des Congolais, lors de grandes épidémies. Mais la vieille bâtisse n’est souvent pas au rendez-vous. L’établissement scientifique n’a réussi à surmonter ses difficultés que grâce à la dextérité de ses directeurs et des dons des pays amis.

Certains observateurs estiment que Dr Jean Vivien Mombouli aurait payé pour ses appels répétés auprès des autorités pour équiper confortablement le laboratoire national. Plusieurs usagers en effet témoignent de n’avoir pas réussi à y faire des examens médicaux ou avoir retiré les résultats des examens après dépassement des délais.

En attendant que cet établissement ne devienne un institut de santé publique, les attentes restent innombrables. A la vérité, jusqu’au déclenchement de la crise sanitaire, le laboratoire national n’avait même pas un plan d’équipement rapide. L’état des besoins dressé en fin de chaque année par la direction n’est souvent pas pris en compte. Il est courant qu’il y ait manque chronique de nombreux intrants de recherche tels que les réactifs. Les spécialistes qui visitent ce laboratoire témoignent de la vétusté de son matériel et d’une logistique très dépassée.

Un don fait en février dernier par l’ambassade des Etats-Unis a permis au laboratoire de se renforcer en réactifs, élément essentiel dans le test du coronavirus. Certaines déclarations des responsables contrastent donc largement avec la capacité du laboratoire national de faire face à cette pandémie. Cet établissement est resté plus dans les intentions que dans les actions, bien sûr, faute de moyens conséquents.

Le personnel du laboratoire national, quelque 175 agents, traîne de nombreux mois des salaires impayés. L’établissement doit plus d’un milliard de francs CFA à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), sans compter la dette des fournisseurs et autres prestataires qui doit dépasser aujourd’hui les 75 millions de francs CFA. Un vrai goulot d’étranglement qui empêche le laboratoire national et de santé publique de se concentrer sur ses propres besoins pour réaliser ses missions.

Mais la suspension pour autant de Jean Vivien Moumbouli ne règle pas le problème dans la lutte contre le coronavirus. Le Congo ne dispose toujours pas d’une cartographie dynamique basée sur la surveillance de la pandémie pour connaître les zones potentiellement qui seront les plus touchées. Le matériel non plus n’est pas au point. Aucun essai clinique, aucune capacité de tester de nombreux cas à la fois, à la demande volontaire des patients.

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