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L’école de Moukoundzi Ngouaka, ex Sorbonne, dans les oubliettes

L’école primaire Moukoundzi Ngouaka, jadis La Sorbonne, fleuron de l’éducation de base en Afrique équatoriale française (AEF) n’est plus que l’ombre d’elle-même. Bâtiments vétustes,  pas de mur de clôture, pas de point d’eau, déficit en personnel enseignant, salles de classes pléthoriques et bureaux insalubres. Une réalité qui ne reflète pas l’école d’excellence d’hier implantée dans le premier arrondissement de Brazzaville Makelekele.

Lorsqu’on arrive dans l’école primaire Moukoundzi Ngouaka, on a de doutes sur son passé. Aucun signe de ce qu’a été l’école. Elle ressemble à toutes les écoles publiques congolaises abandonnées. Le manque de clôture fait de sa cour une passerelle, un terrain de football et parfois, dans les soirées, un site d’apprentissage à la conduite automobile des jeunes du quartier. Conséquences, des actes de vols se multiplient chaque année et l’école a perdu tout son fonds documentaire en quelques années seulement. Tous les ouvrages ont été emportés en un temps record.

En 1949, l’administration coloniale voulait donner une éducation de qualité aux enfants blancs et de l’AEF issus de familles nanties, dans une structure moderne, à l’image d’une école française. D’où son appellation, La Sorbonne, à l’image de l’Université Paris-Sorbonne. C’était donc une école française à l’instar de l’actuel Lycée Saint Exupéry. A la seule différence, La Sorbonne Congo ne couvrait que le cycle primaire. Il fallait être un enfant de coopérant ou appartenir à une famille africaine riche et satisfaire au test de sélection.

Son premier directeur fut  Derumeze. Les Français ont géré l’école jusqu’en 1961, une année après l’indépendance du Congo. L’ancien président gabonais Omar Bongo Ondimba est cité parmi les anciens élèves de La Sorbonne.

En 1965, avec le statut d’établissement d’enseignement public, La Sorbonne ne subit pas les méfaits de la nationalisation des écoles privées et confessionnelles au Congo, mais change de nom et devient Moukoundzi Ngouaka, appellation du quartier. Ce nom est un emprunt à un riche commerçant centrafricain, un certain Ngouaka, installé dans le secteur. Moukoundzi est une déformation en langue Lari de Mokondzi en Lingala, qui signifie Chef.

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Un des vieux bâtiments laissés par le colon

L’ex école La Sorbonne commence à perdre ses lettres de noblesse à partir de 1968, sous la direction de Dominique Ndoudi, premier directeur congolais, entre 1961 et 1972. Aujourd’hui, ce sont 4 bâtiments datant de la période coloniale et deux nouveaux inachevés abandonnés par le gouvernement congolais en 2013, 8 salles de classes, plus de 900 élèves et 15 agents dont 8 enseignants.

« L’école Moukoundzi Ngouaka connait les mêmes problèmes que toutes les écoles publiques  du Congo. Insuffisance de salles de classes, déficit en personnel enseignant »,  nous a confié Jean Bernard Moukambou, directeur de cette école depuis la rentrée scolaire 2015-2016. Ajouter à ces difficultés, le manque du budget de fonctionnement depuis l’année dernière. « Entant qu’ancienne école d’excellence au Congo, Moukoundzi Ngouaka ne bénéficie d’aucun avantage du point de vue traitement », regrette Jean Bernard Moukambou.

Malgré ce triste tableau, Moukoundzi Ngouaka se fraie la place des meilleures écoles de la première circonscription scolaire de Makelekele 1. Sur 13 écoles relevant de cette circonscription, l’an dernier, Moukoundzi Ngouaka est arrivée en 3è position. Au Certificat d’études primaires élémentaires (Cepe) session de juin dernier, l’ex la Sorbonne a réalisé un taux honorable de réussite de 82,27% soit 65 admis sur 73 présentés.     

Jean Bernard Moukambou lance un appel à quiconque voudrait sauver les vestiges de l’ex La Sorbonne de Brazzaville par de divers dons. La construction du mur de clôture et des logements du personnel de maitrise au sein de l’établissement éviterait de nombreux actes de vandalisme. Il entend solliciter l’intervention des agences du système des Nations Unies à l’instar de l’UNICEF. Il y a quelques années, le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance avait assuré les travaux de peinture de cet établissement.