La Cour constitutionnelle du Gabon devrait publier ce 23 septembre les résultats de l’élection présidentielle d’août dernier. Les résultats publiés par le ministère de l’Intérieur ont récemment donné lieu à de scènes de violences dans le pays. Les Gabonais ont ainsi les raisons de s’inquiéter, car dans les deux camps, les acteurs politiques tiennent à la victoire.
La haute juridiction gabonaise saisie pour ce contentieux électoral a eu deux semaines pour trancher. Les juges ont travaillé sur la base de preuves fournies par les requérants et les défendeurs. Pour Jean Ping, il fallait recompter les voix dans la province de Haut-Ogooué où il estime que son adversaire aurait truqué les votes. Le président Ali Bongo Ondimba, quant à lui, dénonce des fraudes massives dans le camp de l’opposition.
Cette bataille judiciaire risque de déboucher à nouveau sur les violences. Le gouvernement voyant arriver le feu, a mis en garde Jean Ping contre toute tentative de déstabilisation des institutions. Les autorités ont d’ailleurs menacé de l’arrêter si un seul « Gabonais tombe ». En réalité, le gouvernement s’oppose à toute manifestation si la cour constitutionnelle venait à confirmer la victoire sur le fil du président Bongo Ondimba.
Les débats à la Cour constitutionnelle ont été très incisifs. Mais les avocats de chaque partie ne se sont presque pas déversés sur le dossier. Dans le camp de Jean Ping, le conseil affirme détenir d’autres éléments compromettants qu’il espérait verser dans le dossier lors du débat contradictoire. Ce qui n’a pas été fait, la présidente de la Cour ayant estimé que le contradictoire avait déjà eu lieu pendant l’instruction, selon la loi gabonaise.
Le juge constitutionnel gabonais a été assisté par des experts de l’Union africaine, favorable au recomptage de voix. Ces juristes mandatés par l’organisation panafricaine n’ont pas directement participé au débat. Leur rapport mettra certainement en veilleuse les forces et les faiblesses de cette procédure.
Aujourd’hui, les Gabonais redoutent des incidents. Ils ont tous suivi à la télé les débats à la Cour constitutionnelle et s’en font presque une idée de la suite. Nombreux font des réserves pour ne plus mourir de faim ou de soif si jamais les troubles recommençaient. Mais le gouvernement rassure, appelant les Gabonais à vaquer librement à leurs occupations.