L’impact sur les abeilles lors de la récolte du miel dans la Likouala

Le département de la Likouala, à l’extrême nord du pays, dans la forêt équatoriale, est reconnu pour ses richesses mellifères. En raison de la demande galopante, c’est aujourd’hui la ruée vers l’or vert. Mais les récolteurs de miel, en majorité autochtones Baka, ont encore recours au feu ou coupent les arbres, pour accéder au précieux liquide.

«Quand nous trouvons une ruche, si l’arbre est difficile à grimper, nous l’abattons. Pour nous débarrasser des abeilles, nous mettons du feu », explique Gaby, un autochtone récolteur de miel à Izato, une localité du district de Dongou, dans la Likouala.

Gaby confie qu’il extrait 350 kg de miel par mois lorsque la saison est bonne. Le miel ainsi récolté est vendu à ceux qui viennent des villes du Congo et même du Cameroun voisin. Cela lui fait gagner beaucoup d’argent. Mais, cette fois il n’a même pas récolté la moitié.

Pourtant, il refuse de croire que cette baisse résulte de la mauvaise pratique et pense dur comme fer que les abeilles ne peuvent pas disparaitre. « Lorsqu’on coupe un arbre comme celui là-bas, les abeilles migrent ailleurs, mais ne peuvent pas disparaitre », soutient Gaby.

Des troncs d’arbres coupent la voie le long du chemin : « ce sont ceux coupés pendant la récolte passée » informe Louis. Après deux heures de marche, Louis et son équipe arrive au niveau de l’arbre qui semble abriter le miel. Il reconnait que celui-ci devient difficile à trouver.

Moderniser le secteur du miel au Congo

Les abeilles ne sont pas encore en situation de menace au Congo, mais elle ne saurait tarder si on n’y prend garde.  C’est pourquoi, le directeur départemental de l’Économie forestière de la Likouala et son équipe mènent des campagnes de sensibilisation dans les campements. Selon Albert Itoumba, cette activité est difficile à contrôler car les récolteurs ne sont pas organisés et il est impossible de savoir combien exercent dans la Likouala.

Au Centre de valorisation des produits forestiers non ligneux (CVPFL), une structure du ministère de l’Économie forestière, la sensibilisation est couplée à la formation des communautés à l’activité apicole. Depuis 2016, grâce à un appui financier de près de 400 millions de francs CFA de la Banque Mondiale, le CVPFL a formé 8.000 personnes à l’apiculture dans le Kouilou, le Niari, le Pool et au sud du Congo. Dans la partie septentrionale, les départements de la Cuvette, la Sangha et la Likouala ont été bénéficiaires. Le Congo compte aujourd’hui 10.000 ruches : « C’est un bon début de l’apiculture », se réjouit le chef du CVPFL, Thédy Francis Adoua Ndinga.

Une timide prise de conscience

La sensibilisation semble porter de fruits. Une timide prise de conscience germe à Izato. Gaby et Saddam viennent d’apprendre que c’est l’action des abeilles qui donne les fruits, les légumes et beaucoup d’autres plantes qui les entourent et qu’à force de les tuer et de couper les arbres, elles peuvent disparaitre, avec eux la sécurité alimentaire. L’opinion de Saddam a changé. «Le miel est la richesse de notre village. C’est peut-être parce que nous avons coupé les arbres en excès et tué trop d’abeilles que la récolte a été mauvaise cette saison ».

Reportage de Blanche Simona, réalisé avec le soutien du Rainforest journalist Fund en partenariat avec le Pulitzer Center

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