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Les marchés de cahiers ont repris, les parents ont des poches trouées

Les marchands de fournitures scolaires ont repris depuis quelque temps à Brazzaville. Cahiers, sacs, livres, stylos, crayons, gourdes, ardoises et tenue scolaire crèvent le budget de famille. La rentrée scolaire n’est plus qu’à trois jours. Les parents s’en pressent, malgré la modicité des moyens financiers.

Les étalages des outils des écoliers naissent depuis quelques semaines aux abords de grands marchés de Brazzaville. Entre les allées et les tables, s’installent ces vendeurs quasiment envahisseurs. Près de légumes ou de vêtements, de manioc ou de chaussures, d’aubergines ou de poisson salé, on trouve les cahiers ou les livres qui trainent par terre. Sur les étiques de papiers, emportés parfois par le vent, les prix sont écrits en charbon. Dans la foule et au milieu de voitures bloquées dans les embouteillages, se faufilent également des vendeurs de cahiers et de sacs à la criée, interpelant même les passagers dans un taxi ou dans un bus.

Les articles sont proposés à toutes les bourses. Un paquet de quatre cahiers cartonnés de 192 pages à 3.500 francs CFA, alors que le paquet de cinq cahiers ordinaires de même volume coûte 2.000 voire 1.500 francs CFA. Les prix de livres de lecture à l’école primaire oscillent entre 2.500 et 6.000 francs CFA. Chacun fait son prix, faute d’homologation dans ce secteur. Et les parents d’élèves, avec des poches trouées, sont désemparés.

Les crayons de couleur, les stylos, et les petits instruments de mathématiques sont de prix abordables, surtout quand ils viennent de Chine. Les sacs et les cartables varient entre 5.000 et 30.000 francs CFA sur ces étalages. « Ces prix ne sont pas fixes, on peut toujours trouver un arrangement avec les parents », explique Mélanie, une vendeuse au marché Poto-Poto.

Dans les écoles privées, les parents se délivrer à l’inscription des enfants, comme des ordonnances médicales, la liste de  fournitures scolaires. Avec les poches trouées, les parents d’élèves passent se renseigner sur les prix de différents articles. La facture est parfois salée pour certains. « Mais qu’est-ce qu’ils croient ! Pour une fillette au cours préparatoire on va débourser jusqu’à 56.000 francs CFA pour ses fournitures scolaires, après il faut payer le premier mois », s’exclame un parent dans une papeterie.

Les parents sillonnent tous les jours dans ces marchés. Ils manquent de l’argent pour faire les courses pour leurs enfants. Les fonctionnaires attendent les salaires de fin septembre pour commencer. Pour certains parents, les affaires ne marchent pas, tandis que d’autres ont perdu l’emploi suite à la crise financière qui secoue le pays. « Je ne sais pas comment m’en sortir. Mes recettes de taxi ne sont pas bonnes ce mois-ci et je crains vraiment de ne pas scolariser tous mes trois gosses dès octobre », se lamente Justin, chauffeur de taxi.

Pourtant chaque matin, ces marchés s’animent. Les clients passent et repassent, demandant des prix des articles, sans en acheter. « C’est encore timide parce que ce n’est pas encore la rentrée et les salaires ne sont pas encore versés aux fonctionnaires. Les parents prévoyants ont déjà commencé à acheter. D’autres passent juste pour se renseigner sur les prix, les fonctionnaires surtout », indique Mélanie.

Sur des nattes, dans des brouettes, sur les tables de fortune, les outils de l’écolier occupent tous les marchés de Brazzaville. Les commerçants saisonniers ont trouvé-là une nouvelle activité qui va durer jusqu’en fin octobre. « Après, les cahiers ne seront plus achetés. Il faut donc tout faire pour vendre le maximum de marchandises », affirme pour sa part Noël, un habitué de marchés de cahiers.

La tenue scolaire est aussi du lot de marchandises. Accrochées à de cintres ou sur de cloues, les tenues prêtes à porter n’attendent que les parents pour connaitre leurs nouveaux propriétaires. Du bleu-kaki, comme au beau temps, sera désormais la tenue scolaire. Couleur uniforme a décidé le gouvernement et les ministres de l’enseignement général et technique tiennent à relever ce pari. Parfois contre la volonté des parents et des élèves eux-mêmes.