Depuis fin 2014, les prix du pétrole, ayant drastiquement baissé causent des déséquilibres dans le budget de l’État congolais qui a même été corrigé deux fois. Malgré tout, le Congo nourrit beaucoup d’espoir dans un proche futur avec l’entrée en exploitation en 2016 du champ pétrolier de Moho-Nord. Il va augmenter la production nationale de 40%.
Le gisement de Moho-Nord est situé à 75 kilomètres des côtes congolaises. Sa profondeur est estimée à 1.000 mètres. La plus grosse part de ce gisement va revenir à la société Total Production et Exploration Congo, leader de la production pétrolière dans le pays. D’autres partenaires, notamment l’entreprise Chevron et la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) disposeront également des parts.
« Le prix (actuel) du pétrole n’a pas d’impact sur le projet Moho-Nord, parce que les contrats ont été bouclés avant la crise », assure Yves Duteil, chef du projet qui l’a présenté à un groupe de journalistes à l’occasion des Journées découvertes médias organisées récemment à Pointe-Noire. Le coût d’investissement de Moho-Nord est estimé à 10 milliards de dollars (5.000 milliards de FCFA).
« Ce sont des investissements importants qui vont nous permettre de sortir 140.000 barils par jour. Moho-Nord va augmenter de 35% la production de Total E&P Congo qui est actuellement de 220.000 barils par jour », commente encore Yves Duteil. Moho-Nord nécessite l’installation d’une Unité flottante de production. Celle-ci est fabriquée présentement en Corée du sud. « On a fait le choix de la Corée parce qu’en Europe il n’y a plus personne pour développer les activités navales de cette ampleur. L’Europe, c’est plus la technologie de pointe désormais », se justifie M. Duteil.
Moho-Nord, un hub !
Les installations de Moho-Nord sont prévues pour durer 35 ans pour une production totale de 450 millions de barils. « En 2014, Total a produit a peu près 140.000 barils par jour ; représentant un peu moins de 60% de la production globale du Congo. Entre 2017 et 2018, l’entrée du projet Moho-Nord va faire en sorte que le Congo produise environ 350.000 barils par jour », explique Pierre Jessua, directeur général de Total E&P Congo. Moho-Nord est considéré comme un projet innovant qui fait rentrer le Congo dans une nouvelle ère.
Il va être un hub dans l’exploitation offshore : tout le personnel intervenant sur les plateformes pétrolières y sera logé. Moho-Nord va augmenter les recettes et les exportations, mais son potentiel ne fait pas que des heureux. Certains analystes se montrent sceptiques quant à son apport dans le développement de l’économie congolaise.
« Au Congo, depuis la découverte du pétrole, les projets se sont succédé. Moho-Nord est un autre encore. Nous attendons que ce projet se développe parce que nous avons bien eu de l’argent, des revenus, des ressources, depuis bientôt cinquante ans, mais entre ces revenus et le développement du Congo en général, il y a bien un grand fossé », lance Christian Mounzéo de la Coalition congolaise Publiez Ce Que Vous Payez.