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Ntumi demande sa propre réinsertion avant celle de ses miliciens

Le chef de l’ex-mouvement rebelle ninja, Frédéric Bitsamou alias pasteur Ntumi, a invité le 21 août à Mihete dans le district de Vindza, la Commission ad hoc mixte paritaire, à s’occuper prioritairement de lui avant le lancement du ramassage des armes dans le Pool. Le pasteur Ntumi a également appelé les acteurs politiques à s’attaquer au mal du Pool à la racine, afin que s’arrête définitivement le cycle de violences dans ce département.

Le chef de l’ex-rébellion ninja est apparu serein et en pleine forme, lors de son échange avec le président de la commission mixte paritaire, Séraphin Ondele, par ailleurs directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur et de la décentralisation. Le pasteur Ntumi n’est pas allé par quatre chemins en recentrant l’intérêt de la fin du conflit autour de sa personne. Ce qui s’apparente à ses conditions avant tout ramassage d’armes dans ce département.

D’abord, le pasteur Ntumi a évoqué la question de sa sortie officielle. Il a souhaité que celle-ci ait un écho à alerter tous les ex-combattants pour se rassembler en un seul lieu afin d’écouter son message de paix et de désarmement. « Je vous avais prévenu qu’il fallait travailler sur cette question à temps. Mais, vous avez traîné, et voilà que cela vous revient entre les bras. Et vous dites que vous êtes aujourd’hui bloqués, mais c’est la partie gouvernementale qui a bloqué », a déploré le pasteur Ntumi, s’adressant aux membres de la commission mixte paritaire qui l’ont rencontré à Miheté.

Le pasteur Ntumi a également demandé que les autorités lui construisent une maison, afin qu’il suive personnellement toutes les opérations de ramassage d’armes à partir de Mayama où il envisage établir sa base. « Je suis un homme comme vous, j’ai des enfants. Bientôt, c’est la saison des pluies, est-ce que je dois repartir dans la forêt, chercher des feuilles pour me construire des huttes ? Il faut penser à moi, et cela je vous l’avais déjà dit », a-t-il rappelé, déplorant le fait d’avoir trop attendu la réalisation des promesses des autorités dans la construction de sa nouvelle maison et la prise en charge des hommes qui sont autour de lui.

Et il a estimé que le ramassage des armes n’était pas une priorité, tant que sa propre situation n’était pas prise en compte. Ntumi souhaite revenir à la bonne vie, celle d’un père de famille, avec maison et voitures. « Je ne peux pas quitter la forêt, venir lancer l’opération de ramassage des armes à Mayama et repartir vivre dans la forêt. Ce n’est pas responsable. Il faut régler ces questions », a-t-il insisté auprès du président de la commission, Séraphin Ondele.

Après la signature de l’accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités du 23 décembre 2017, le gouvernement avait commencé par se retirer de certaines positions militaires. Les barrages ont été levés sur la RN1, notamment dans son tronçon Brazzaville-Loutete. La circulation est quasiment libre dans les voies intérieures tel que l’axe Kinkala-Kindamba.

Les autorités ont ensuite annulé le mandat d’arrêt décerné contre l’ex-chef rebelle, poursuivi entre autres pour atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat et acte de terrorisme. Libre de ses mouvements depuis fin juillet, Ntumi devrait alors s’impliquer pleinement dans le ramassage des armes.

C’est à ce niveau qu’ont apparu les premiers points de désaccord, sabordant ainsi le calendrier fixé pour le ramassage des armes. La partie gouvernementale, ne voulant plus faire marche en arrière, avait unilatéralement lancé le ramassage des armes dans une dizaine de sites identifiés. Lors de la cérémonie officielle de cette opération à Kinkala, aucun ninja n’était présent et aucune arme, même de tout petit calibre, n’a été déposé.

Dans une lettre publiée à Brazzaville, l’ex-chef rebelle avait fait savoir sa frustration, rappelant aux autorités que l’accord de décembre 2017 les astreignait à mener des actions de paix dans le Pool de façon consensuelle.

L’accord de paix ayant ainsi pris un plomb dans l’aile, avec un agenda désormais perturbé, le gouvernement a relancé le contact avec Ntumi. Il s’agit donc de préparer la sortie de l’ex-chef rebelle et ficeler sa rencontre avec le ministre de l’Intérieur. Ce n’est qu’après que les convois de ramasseurs d’armes se rueront dans le Pool.