Okombi Salissa désormais sans immunité parlementaire

L’Assemblée nationale a levé le 19 janvier à Brazzaville l’immunité parlementaire du député de Lékana André Okombi Salissa, arrêté le 10 janvier pour atteinte à la sureté intérieure de l’Etat. Dépouillé désormais de son immunité, l’ancien candidat à l’élection présidentielle pourra être très rapidement présenté devant un juge.

C’est à une très grande majorité que les députés congolais ont levé l’immunité parlementaire de leur collègue, un élu du PCT, mais passé à l’opposition depuis quelque deux ans. Le vote a été sans équivoque, car 113 députés sur les 117 présents dans la salle ont voté pour que le député de Lékana se décarcasse de cette immunité.

C’est une procédure logique, prévue par la loi congolaise. Ce n’est qu’en ce moment que l’élu pourra être présenté devant un juge, car le procureur de la République André Oko Ngakala le poursuit depuis 2016 pour « atteinte à la sureté intérieure de l’Etat, et détention illégale d’armes et de munitions de guerre ». Une brochette de cet arsenal a même été exhibée à la télévision nationale par le procureur de la République.

Les députés de la Majorité présidentielle ont estimé avoir agi utilement en donnant les moyens à Okombi Salissa d’aller s’expliquer désormais librement devant son juge. Pour le président du groupe parlementaire PCT à l’Assemblée nationale, il ne s’agit pas de livrer leur collègue à une justice politique, mais de lui donner une occasion de répondre devant son juge.

Abordant dans le même sens, Pierre Ngolo, le secrétaire général du PCT dont Okombi Salissa a jusque-là été l’élu, a indiqué que le député de Lékana avait enfin l’occasion d’aller se défendre sur ce qui se dit de lui. Le PCT a pesé lourd dans ce vote, car il conserve depuis les élections législatives de 2012 une majorité écrasante à l’Assemblée nationale. Plusieurs députés de cette formation politique au pouvoir ont témoigné avoir reçu des consignes claires sur cette question.

A l’opposition où Okombi Salissa appartenait désormais, on dénonce l’arbitraire. Pascal Tsaty Mabiala, premier secrétaire de l’UPADS, mais député aussi, a déploré une très mauvaise plaisanterie, car cela ressemble, selon lui, à « une tragi-comédie ».

Dans une déclaration publiée le même 19 janvier dans la capitale, Claudine Munari, présidente de la Fédération de l’opposition, a dénoncé le non-respect de procédure dans cette affaire. « Je ne suis pas contre qu’on ait levé cette immunité, mais de quelle manière ? Pourquoi Okombi Salissa n’est pas venu se défendre devant le bureau de l’Assemblée avant le vote ? » s’est interrogée éperdument l’opposante, interdite peu avant d’accès dans la salle où siégeaient les députés. Claudine Munari est député de Mouyondzi, une circonscription située au sud ouest du Congo.

Avant le vote, les députés ont suivi le plaidoyer du ministre de la Justice et des droits humains, Pierre Mabiala qui demandait la levée de l’immunité de Okombi Salissa pour qu’enfin éclate la vérité sur les charges qui sont retenues contre lui. Après avoir hésité depuis quelques semaines sur une demande similaire adressée par le procureur de la République, les députés ont donc favorablement répondu au ministre de la Justice, qui est lui aussi un député, l’élu de Makabana dans le Niari.

Arrêté le 10 janvier dans un quartier populaire du nord de Brazzaville, André Okombi Salissa, plusieurs fois ministre entre 2002 et 2012, ne s’était plus montré au public depuis onze mois. Sa cabale a été déclenchée juste après l’élection présidentielle qui a vu la victoire du président Denis Sassou N’Guesso avec près de 60% des suffrages.

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