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Des ONG dénoncent la mauvaise pratique des droits de l’homme

A l’occasion de la célébration du 70e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme, le directeur exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH), Trésor Nzila Kendet et le président des Forces unies pour la liberté et la démocratie (FULD), Joe Washinton Ebina ont indiqué au cours d’un entretien à Vox que le Congo n’était pas un bon élève en droit de l’homme.

Trésor Nzila a souligné que les droits de l’homme étaient toujours en souffrance au Congo. « Que l’on parle des droits civiques et politiques, économiques et socio-culturels, il y a une dégradation sans précédent de la situation des droits humains dans notre pays. Cette dégradation est partie de 2014 à aujourd’hui. Il n’y a aucun signe qui peut nous dire que cette situation s’améliore », a-t-il indiqué.

« Les Congolais continuent à être soumis à des actes de torture, l’accès à la justice est très difficile. Les jeunes continuent de croupir dans le chômage. Pourtant dans la constitution il est dit que l’Etat mettrait tout en œuvre pour garantir l’emploi et le logement à tous les Congolais. Mais sur le terrain, rien n’est visible. Les populations autochtones continuent à être discriminées et marginalisées, l’accès aux services sociaux de base est très difficile.  Dire que le Congo est un bon élève c’est ne pas reconnaître la réalité dans notre pays », a fait savoir le directeur exécutif de l’OCDH.

De son côté, le président de la Fondation Charles Ebina, Joe Washington Ebina pense que le Congo a signé et ratifié beaucoup de textes relatifs au droit de l’homme, mais en réalité, il y a un grand fossé entre les textes et la pratique. « Nous constatons sur le terrain qu’il y a des exactions qui sont perpétrées. L’année 2018 a connu le drame de Chacona et beaucoup d’autres. Il y a un réel recul des droits humains sur le terrain. Les autorités de Brazzaville devraient renforcer la meilleure gestion de la justice et non renforcer la police et l’armée. Il faut que la justice soit forte, réglementaire pour qu’elle régule la société sans discrimination. Dans beaucoup de quartier il y a encore des arrestations arbitraires. Le Congo est placé parmi les derniers pays qui respectent les droits de l’homme. Le ministre de la justice défend une vision qui n’est pas celle de la réalité. Il représente la vision du gouvernement. Quand nous regardons la société, nous nous rendons compte que les droits de l’homme ne sont pas respectés.

Trésor Nzila reconnait au moins que le Congo a réalisé quelques progrès dans le domaine des reformes. Il y a eu des réformes législatives pour promouvoir la jouissance des droits fondamentaux. Malheureusement, poursuit-il, il y a un grand décalage avec la réalité. « Si je suis d’accord avec le gouvernement sur le plan de la réforme, je ne le serais pas quand il s’agit de la jouissance des droits garantis par ces textes. Cette jouissance au Congo reste encore un rêve », dit-il.

Pour ces activistes de la société civile, le garant premier des jouissances des droits dans une société devrait être le gouvernement. Car selon eux, c’est lui qui prend les lois et qui les font voter. Il a donc la responsabilité et l’obligation de garantir la jouissance de tous les droits proclamés par la déclaration universelle des droits de l’homme. « Les décideurs ont les moyens de l’Etat. Ils ont tout ce qui devrait permettre à ce que les droits de l’homme soient appliqués. On ne peut pas demander à la population qui subit au quotidien une réalité désastreuse de continuer simplement à se plaindre », a conclu Joe Washington Ebina.

Le ministre en charge de la Justice, Aimé Wilfrid Bininga, a notifié, dans une déclaration que les progrès du Congo en matière des droits de l’homme avait porté sur le cadre normatif et institutionnel, la coopération avec les mécanismes internationaux et régionaux des droits de l’homme, l’égalité de genre, la promotion et la protection des droits de l’enfant ainsi que celles des catégories sociales vulnérable, les droits économiques, sociaux et culturels de même que sur le respect des droits de l’homme dans l’administration de la justice et l’administration pénitentiaire.