Du pain à Brazzaville grâce aux étrangers
La plupart des boulangeries au Congo sont presque entre les mains des étrangers. La communauté Ouest africaine est majoritairement la tête de pont de cette activité pourtant censée dévolue aux nationaux. Les Congolais sont peu présents dans ce secteur. Cette situation rend complexe la qualité du pain servie à la population.
Si on prend la base de dix boulangeries à Brazzaville, seulement trois appartiendraient aux Congolais. Les sept autres sont la propriété des ressortissants des communautés libanaise, malienne ou mauritanienne. D’ailleurs les enseignes sur la devanture de ces établissements en disent mieux.
A Bacongo, par exemple, sur neuf boulangeries visitées, sept appartiennent, ou sont gérées par des sujets étrangers. C’est le cas de la Boulangerie Nejah, Boulangerie Elveht, le Fournil, la Boulangerie Espoir, Baco pain, Super Boulangerie de Bacongo, Boulangerie Babel. Les Boulangeries comme JN, la Petite Boulangerie et la Boulangerie Bouk fille, sont tenues par les Congolais. La boulangerie la Plaine au centre-ville et les deux autres au rond-point Moungali appartiendraient à des Congolais. La Boulangerie Bouzala à Makelekele a longtemps fourni du pain à la Force publique.
L’enjeu, c’est la qualité du pain. Si certaines boulangeries essaient de respecter la norme de fabrication du pain simple, d’autres ne l’observent pas. Ainsi, sur le marché congolais on trouve des bons comme des mauvais pains avec des formes diversifiées. Des pains qui ont de mies d’autres n’en ont pas.
Certains consommateurs n’hésitent pas de faire de longues distances et la queue devant certaines boulangeries qu’ils pensent fabriquer du bon pain. Les boulangeries comme La Plaine et les deux qui sont non loin du rond-point Moungali connaissent d’interminables queues des consommateurs. Leurs pains sont jugés délicieux et croustillants.
Aucun chiffre fiable n’est donné pour déterminer le poids réel de la baguette de pain. Chaque boulanger conçoit le poids comme il l’entend. Certains boulangers affirment qu’une boule de farine de 4 Kg doit leur faire sortir 20 pains. Ce qui donne un poids par pain de 200g. D’autres estiment que la boule de farine de 5kg produit 24 pains, soit un poids de 150g. D’autres encore affirment que leur boule de farine pèse 3,5kg pour produire 20 pains, ce qui correspond à un pain de 175g. Tout ce pain d’un poids varié est déversé sur le marché et coûte 150 francs CFA. Il n’est pas rare de voir que certaines boulangeries proposent des pains jusqu’à 100 francs CFA.
Pour le chef du personnel de la boulangerie de la Plaine, Prosper Diamouassi, leur boulangerie tient à la santé des consommateurs. Elle produit des pains qui respectent les normes de fabrication. « La fabrication du pain est une recette. Nous veillons au respect de l’équilibre des ingrédients et des mesures qui entrent dans la fabrication des pains. Certains boulangers ne respectent pas les normes. Il y a soit plus de levure, plus d’améliorant, peu de temps de fermentation ou peu de temps de cuisson», a-t-il affirmé.
Le gouvernement a donné les normes dans la fabrication des pains. La baguette de pain de 220g est vendue à 130 francs dans la boulangerie (prix de gros) et 150 francs CFA en détail. Celle de 110g est à 65 francs en prix de gros et 75 francs en détail. Cependant la forme du pain dépend de l’imagination du boulanger. «Vous pourrez voir des pains en boule, tressés, carrés, mais les poids sont les mêmes. Il n’y a que la forme qui change», explique Prosper Diamouassi.
Les Congolais se sont découragés de l’activité face aux difficultés liées à l’absence des intrants sur place. Le coût élevé des importations de la farine avait plombé en début des années 2000 l’activité du boulanger. Les grands boulangers comme Marcel Color, Soki pain, Bouzala on été secoués par cette crise. En plus s’est ajoutée pendant de longues années la crise de l’électricité. Les patrons congolais n’ont pu résister.
Les commerçants étrangers, plus solidaires et mieux organisés, ont fait venir des groupes électrogènes et des quantités importantes de farine. Aujourd’hui, ils détiennent le monopole du pain à Brazzaville. Un jour de cessation d’activité suffit pour qu’on prenne du café à l’igname.