Le procureur de la République André Oko Ngakala a ordonné le 17 février à Brazzaville une enquête judiciaire contre Franck Mbani, le neveu du colonel Marcel Ntsourou, décédé quelques heures auparavant des suites d’un « arrêt cardiorespiratoire », selon les sources médicales. Franck Mbani et Marcel Ntsourou, tous deux condamnés dans l’affaire des explosions du 4 mars 2012, cohabitaient dans une même cellule à la maison d’arrêt.
D’après le directeur général de l’hôpital central des armées Pierre Mobengo de Brazzaville, le général Pascal Ebata, l’officier serait mort arrivé à son établissement sanitaire. « Après l’avoir examiné en urgence et révélé que le corps présentait aucune lésion externe apparente, il a été cliniquement constaté le décès du susnommé suite à un arrêt cardiorespiratoire », a conclu le médecin.
A l’annonce de cette mort, une panique s’est emparée de Brazzaville, notamment au centre-ville où se situe la maison d’arrêt. Les administrations, à commencer par le tribunal de grande instance de Brazzaville, mitoyen avec la maison d’arrêt où le malaise de Marcel Ntsourou a été déclaré, ont fermé. Les écoles ont renvoyé les élèves.
Un avocat a témoigné avoir vu l’officier dans un état critique et être transporté dans « un véhicule blanc », en direction de l’hôpital militaire. Certaines sources affirment que Marcel Ntsourou est « arrivé déjà mort » à l’hôpital militaire. Son corps a été transféré en début d’après-midi à la morgue du CHU de Brazzaville sous forte escorte militaire. Le colonel Ntsourou serait mort à 11 heures.
Le ministère de la Justice et celui de la Communication ont organisé un point de presse commun pour informer l’opinion. Le médecin en chef de l’hôpital militaire et le procureur de la République se sont exprimés à cette occasion en présence des ministres Pierre Mabiala et Thierry Moungalla. Certainement, c’est pour rassurer les populations qui commençaient à quitter en masse le centre ville pour rentrer précipitamment que cet échange avec la presse a été organisé.
Le procureur de la République a ordonné à la police judiciaire d’ouvrir une enquête à l’encontre de Franck Mbani, le codétenu de Marcel Ntsourou. André Oko Ngakala a également demandé que le suspect soit « immédiatement auditionné…pour élucider les circonstances de la survenance inopinée », de ce malaise. Dans un échange avec les journalistes en Lingala, une des langues nationales du Congo, le procureur de la République a déclaré que cette enquête devrait s’élargir auprès de ceux qui fournissaient la nourriture au colonel Ntsourou.
Les autorités ont décidé d’informer constamment l’opinion de la suite des événements. Une importante réunion devrait d’ailleurs s’ouvrir au soir du 17 février à la Primature.
Marcel Ntsourou a été le numéro deux du Conseil national de sécurité du Congo. Un juge l’avait condamné dans l’affaire des explosions du 4-Mars, alors que le procureur général près la Cour d’appel réclamait sa relaxation. Peu après, une fusillade avait éclaté en décembre 2013 au domicile de l’officier, causant près d’une vingtaine de morts. Condamné à perpétuité, l’officier, rétrogradé à la suite de ces événements au rang de soldat deuxième classe, purgeait sa peine à la maison d’arrêt de Brazzaville depuis 2014.