Le 27e sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine qui s’ouvre ce 16 juillet à Kigali au Rwanda porte dans son agenda la question de l’introduction d’un passeport continental. Ce projet alimente déjà les discussions des ministres et autres experts dont les rencontres précèdent la réunion des chefs d’Etat. Mais, comme à l’accoutumée, le sommet de Kigali drainera bien d’autres sujets relatifs aux crises que traverse le continent.
La mise en circulation d’un passeport commun en Afrique a été une recommandation du dernier sommet de l’UA tenu à Addis Abebas en Ethiopie. Les discussions semblent déjà assez avancées que la décision des chefs d’Etat pour la mise en circulation de ce document en 2017 paraît évidente.
L’introduction du passeport africain va en effet supprimer les frontières sur le continent et favoriser le libre-échange des marchandises. Grâce à ce passeport, « les Africains n’auront plus besoin d’un visa pour accéder à d’autres Etats africains », a déclaré la commissaire du l’UA, Dr Aisha Abdullahi.
Le passeport électronique commun africain permettra aussi d’augmenter la productivité en Afrique et de réduire la pauvreté. « En 2017, nous espérons que cela se produira. L’Afrique doit faire du commerce en son sein. À l’heure actuelle, ce sont seulement 12 % que nous échangeons dans le commerce intra-africain. Mais avec une zone de libre-échange, il y aura plus d‘échanges entre africains et la productivité augmentera, la croissance augmentera et bon nombre de personnes quitteront la ligne de la pauvreté », a indiqué Joseph Atta-Mensah, directeur de la Commission économique de l’UA lors de l’ouverture du sommet.
Dans certaines sous-régions africaines, les efforts de passeport communautaire se précisent. La zone de la CEMAC est entrain d’introduire progressivement un passeport commun. Le Congo en fait actuellement l’expérience. Tous les passeports établis depuis trois mois sont de type CEMAC. Les prorogations de validité sont à cet effet refusées, encourageant les usagers à se faire établir un nouveau document.
Plusieurs autres sujets sont inscrits à l’ordre du jour pour ce 27e sommet de l’UA, notamment le budget 2016 de l’organisation dont le montant global est estimé à 446 millions de dollars. Les chefs d’Etat sont attendus ce samedi 16 juillet pour en discuter. Les points chauds du continent s’inviteront forcement dans les débats. La situation préoccupante du Soudan du Sud devrait interpeler les chefs d’Etat à prendre une résolution ferme pour la paix dans ce tout jeune Etat africain. Les crises malienne et burundaise qui couvent encore sous les braises ne devraient pas être traitées comme des questions subsidiaires. La montée en puissance des islamistes en Afrique de l’Ouest et la lutte contre la secte Boko Haram devraient aussi faire l’objet d’un traitement profond.
Le Rwanda qui fait preuve de lucidité dans la préparation de ce sommet peut de gagner le pari de voir revenir le Maroc dans la maison commune africaine. Des contacts seraient très avancés à ce sujet, d’après des sources diplomatiques rwandaises. Mais rien n’est gagné en avance, le Royaume chérifien a déjà fait plus fois montre d’un caprice.
Cependant, la question du retrait de l’Afrique de la CPI a été retirée de l’agenda des assises, car il y a eu opposition entre les experts de l’organisation, quelques heures avant l’ouverture de leur réunion. Ces experts ont entre autres subi des pressions de la société civile du continent qui dénonçait l’attitude de l’organisation africaine de vouloir quitter cette juridiction, et sans proposer une alternative.