Paul-Marie Mpouele, l’homme du FROCAD, s’en est allé !

L’ancien coordonnateur de l’opposition congolaise, Paul-Marie Mpouele est décédé le 1er juillet à Brazzaville des suites de longues semaines de maladie. Le jeune acteur politique avait réussi en 2015 à rassembler et à conduire l’ensemble de l’opposition congolaise, notamment sur les questions électorales.

C’est au terme d’une longue lutte contre la maladie que le président du Parti des républicains (PR) a tiré sa révérence. D’abord, brièvement hospitalisé à Makélékélé pour un cas de paludisme, il a ensuite suivi des soins dans une clinique privée où son état de santé semblait s’améliorer, selon son propre témoignage. Aucune révélation cependant n’a été faite sur la nature de la maladie dont il souffrait, ce qui a permis à certains de spéculer sur un éventuel empoisonnement.

Paul-Marie Mpouele fut un battant en politique. Alors qu’il n’était encore qu’au lycée, le jeune Mpouele est marqué par le discours de campagne de Pascal Lissouba et adhère aussitôt à son parti, l’UPADS, en 1992. Il va y militer jusqu’à la chute du régime en 1997. Il a également appris aux côtés de Joseph Kignoumbi Kia Mboungou, candidat malheureux à la présidentielle de 2002.

Sur la base des déclarations et messages téléphoniques compromettants appelant à la démission du président Denis Sassou N’Guesso, à la suite de l’explosion du dépôt de munitions de Mpila du 4 mars 2012, Paul Marie est arrêté. Mais il ne sera pas jugé, car selon son témoignage, son dossier serait lié à une affaire avec un officier congolais basé en Afrique du sud.

A sa sortie de prison, il prend ses distances avec Mathias Dzon, pourtant considéré à cette époque comme son mentor, et crée son propre mouvement politique, « Sauvons le Congo », en même temps que son parti politique, Parti des jeunes républicains (PJR, qui deviendra plus tard le Parti des républicains-PR). Il se présente et est battu à plate couture aux législatives de 2012 par Marcel Nkalla dans la circonscription électorale de Mabombo dans la Bouenza.

Mais, il ne baisse pas les bras après cet échec. En 2014, il prend part active dans les tractions de l’opposition visant à faire bloc contre le projet de changement de la constitution de 2002 initiée par le gouvernement. En 2015, c’est son sacre ! Paul-Marie Mpouele réussit en effet ce qu’aucun homme politique n’avait fait au Congo, le rassemblement de l’opposition autour d’un seul idéal. Le Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (FROCAD) met d’accord tous les leaders de l’opposition pour combattre la majorité présidentielle. En octobre et novembre de la même année, le FROCAD explose toutes les statistiques politiques dans la mobilisation des militants de l’opposition depuis 1992.

Le succès est épatant ! Paul-Marie Mpouele et ses compairs hument enfin le pouvoir. Mais désillusion arrive très vite. La constitution sera bel et bien changée en octobre 2015 et cet échec n’a pu être empêché malgré l’apport d’un autre groupe d’opposants, l’Initiative pour démocratie au Congo (IDC), composé d’anciens ministres comme André Okombi Salissa, Claudine Munari et Guy Brice Parfait Kolelas, qui a rejoint le FROCAD de Mpouele.

Sous pression des caciques de l’opposition, Paul-Marie Mpouele remet sa démission en novembre 2015 en adressant une lettre aux présidents des partis de l’opposition membres du FROCAD. D’après certains analystes, le jeune leader s’était servi de sa position pour prendre langue avec des dignitaires de la majorité présidentielle, afin de faire échouer tous les plans de l’opposition. En clair, Paul-Marie Mpouele s’était tiré une balle dans le pied, dans un projet qu’il s’était acharné à monter. En 2016, le président Sassou N’Guesso remporte la présidentielle avec plus de 60% des suffrages, selon le ministère de l’Intérieur.

Après le violent vent qui a suivi ce processus électoral, entraînant mort d’hommes, notamment dans le camp de l’opposition où il y avait des manifestations, Paul-Marie Mpouele, l’optimiste à peau dure, crée en juillet 2016 une nouvelle plate-forme de l’opposition, le Rassemblement de l’opposition congolaise (ROC), avec quelques figures comme Gilda Mountsara Ngambou, Clotaire Mboussa Ela ou Armand Mpourou. Une alliance qui ne dure que le temps d’un feu de paille et ne remporte aucune victoire sur toutes les batailles politiques, notamment les législatives et les locales de 2017. C’est la déchéance politique pour Mpouele qui n’avait pas hésité de nourrir les ambitions d’être nommé préfet de la Bouenza.

Natif du district de Mabombo dans la Bouenza, Paul Marie Mpouele est un diplômé de sociologie de l’université Marien Ngouabi, après avoir passé son lycée à Mouyondzi. Il a écrit dans plusieurs journaux comme Epanza Makita ou La Griffe. Il était un fervent de débat politique contradictoire, notamment sur les plateaux de télévision de la place. Le jeune militant qui avait pris ses quartiers à Mfilou laisse une femme et des enfants.

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