Plusieurs actions de soutien aux enfants réfugiés menées dans la Likouala depuis trois ans par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) pourraient brutalement s’arrêter si de nouveaux financements ne sont pas trouvés. L’agence onusienne spécialisée dans la situation des enfants a bénéficié jusque-là d’un important appui financier du gouvernement japonais, mais qui va s’assécher en ce mois de mars.
Ces activités sont multiples et ont atteint beaucoup d’enfants des réfugiés dans les districts de Bétou, d’Enyellé, d’Epena et d’Impfondo dans la Likouala. Des filles et des garçons ne pouvant plus poursuivre la scolarité bénéficient d’une formation professionnelle en couture et broderie, en menuiserie, en maçonnerie, en mécanique auto et en électricité. Le centre de formation est animé par les prêtres catholiques spiritains depuis dix ans. Il est dans son fonctionnement normal à bout des financements. « Ces enfants apprennent très vite et sont capables de faire mieux lors des stages dans les sociétés forestières qui sont ici. Mais, il nous manque véritablement l’aide de l’Etat », affirme le directeur adjoint du centre, père Jean Apollinaire Koudedikissa.
Des milliers d’enfants réfugiés ont pu reprendre l’école grâce aux fonds apportés par les Japonais. Ces enfants proviennent de RCA et de RDC. Ayant fui les conflits armés dans leur pays, ils n’avaient plus la possibilité de poursuivre leur scolarité.
Aujourd’hui, un programme de remise à niveau dans les classes primaires et secondaires touche plus de 1700 élèves à Bétou dont la majorité sont des réfugiés. Ces enfants n’étaient plus capables de bien lire ni écrire dans les classes où ils sont inscrits. Les manuels et autres fournitures scolaires leur sont gratuitement distribués par l’UNICEF et le HCR qui donne des tenues. Les parents témoignent que grâce à ce programme spécifique, les résultats scolaires des élèves réfugiés s’améliorent.
Les plus jeunes ont été inscrits dans les centres de formation préscolaires appelés « Espaces amis des enfants ». Ici, les enfants réfugiés sont classés en trois niveaux d’étude : le P1, le P2 et le P3. Le programme n’apporte pas seulement que des enseignements, mais aussi des repas équilibrés pour permettre aux apprenants de rester en classe, car les parents sont dans la précarité. « C’est une très bonne chose. Aujourd’hui, nous sommes fiers de cette expérience car les enfants sont pris en charge à tous les niveaux, même quand ils tombent malades, la monitrice peut les conduire au centre de santé sans la présence des parents. Cela doit continuer », témoigne Njoum, une mère de famille à Ikpebgepele.
La prise en charge des enfants malnutris est aussi une activité très importante menée par l’UNICEF dans la Likouala grâce aux fonds japonais. Selon Florent Kete, la coordinatrice du centre de réhabilitation nutritionniste de Bétou animé par l’ONG Terre sans frontières, plus de 30 enfants arrivent parfois dans une situation désespérante suite à la mauvaise alimentation en famille. Depuis que l’UNICEF apporte son soutien à ce centre, les parents sont satisfaits de ce que le traitement est gratuit. La situation de plusieurs enfants s’est très vite améliorée. « Je viens de Zongo en RDC, nous n’arrivons plus à vivre dans le site. Mais quand l’enfant est tombé malade, nous sommes vite revenu au centre et nous avons été pris en charge avec zéro franc », a témoigné un père heureux.
A Enyellé, quelque 160 enfants autochtones ont appris à lire et à écrire dans le village Makodi, à 17 Km du district, grâce au programme d’enseignement ORA qu’appuie l’UNICEF. Dans l’ensemble de la Likouala, plus de 4100 élèves dont 1971 filles suivent le programme ORA. 350 enfants autochtones ont déjà réussi à intégrer le système formel de l’éducation nationale à partir du cours élémentaire. Ils passent deux ans dans les classe ORA avant de rejoindre le primaire officiel. A Impfondo, des enfants autochtones plus jeunes, sont inscrits au préscolaire. Ils ne connaîtront pas l’école ORA, mais commenceront directement au débutant primaire.
Les parents apprécient favorablement l’évolution de leurs enfants qui savent aujourd’hui compter et réciter. « Ils nous ont lavé l’affront. Nous les parents n’avons pas eu cette chance, et nous croyons que les enfants iront loin et nous sortirons de cette précarité », espère Jacques Mpika, chef du village Makodi, lui-même autochtone.
Mais toutes ces initiatives risquent d’être arrêtées brutalement faute d’argent. Les projets sont en fin de financement et l’Etat congolais n’est pas prêt à reprendre la main, malgré les efforts fournis par les partenaires internationaux. Avec la crise financière qui sévit actuellement, il est difficile que le gouvernement trouve des financements nécessaires au soutien de ces enfants.
La communauté internationale devrait à nouveau mettre la main dans la poche pour soutenir ces enfants qui veulent se construire un nouvel avenir après une histoire de guerres et de violences.