Un phénomène étonnant est observé à Brazzaville ces derniers temps. La plupart des congolais sont à la quête des petites bouteilles en plastique vides. Ce qui fait qu’elles ne traînent nulle part, surtout pendant et après une fête. La cause, une forte activité lucrative reste concentrée autour. Dans cette course effrénée de ramassage de ces bouteilles vides destinées à la poubelle, les plus remarquées sont les femmes.
Difficile de distinguer qui est ramasseuse de bouteilles et qui ne l’est pas lorsque ces belles dames arrivent sur les lieux des festivités. Souvent bien vêtues, bien coiffées, parées de bijoux, elles ont toutes l’air sérieux et innocent. Seul l’intérieur de leurs sacs à main saurait révéler ce qu’elles sont exactement. On n’attend pas longtemps pour découvrir le vrai visage de ces faiseuses de délices de « bissap », de gingembre appelé « tangawis » au Congo, de barbadine et même de citron. Une fois la fête finie, la course commence alors. Ces bouteilles servent également à la vente du yaourt fait maison mais aussi de l’eau glacée dans les marchés, dans les quartiers, sur les places publiques.
Dans les lieux des manifestations, il suffit que les bouteilles vides commencent à chuter des tables, à rouler sur le sol après un coup de pied par inadvertance pour que les femmes sortent enfin de leurs carapaces. Telle une femme à terme, les sacs à mains accouchent subitement d’un autre sac en toile appelé « nguiri » ou « nzala bana » soigneusement dissimulé, il y a quelques minutes. On regarde, on calcule, on retient son souffle, espérant que les concurrentes soient aveuglées par l’ambiance de la fête pour ne point prêter attention à ces deux ou trois bouteilles déjà visées.
Dans cette chasse, un souci demeure. Celui de faire le premier pas. Les partisanes de cette pratique qui s’épient mutuellement ont toutes souvent les mêmes intentions. Mais, le courage d’être le premier manque souvent. Il faut donc beaucoup d’audace pour se lever la première. A ce moment, il faut ignorer la présence de son conjoint quelque peu complice et marcher jusqu’aux bouteilles vides pour commencer à les ramasser sans gêne. Ces courageuses vont presque fouiner sous les jambes des invités qui se voient contraints de soulever une jambe, de reculer sa chaise sinon de participer indirectement à la fameuse collecte quand ils se surprennent à leur tendre d’autres bouteilles qu’elles n’auraient pas remarquées au passage.
Les femmes les plus réservées ne se livrent pas à ce drôle de jeu. Elles se contentent très souvent de passer la consigne aux organisateurs de la fête qui acceptent tant soit peu cette mission embarrassante. Pour tout dire, la mission peut ou ne pas aboutir par le simple fait qu’il se trouve parmi les femmes au protocole, les serveuses des mets et de boisson cette catégorie qui, elles-mêmes, ramassent ces bouteilles usagées pour les vendre. Parfois, c’est pour une amie à qui l’on a promis ces petites merveilles.
L’image des bouteilles en plastique vides ont été rehaussées au sein de la société congolaise suite à la promulgation de la loi interdisant l’usage des sacs et emballages en plastique au Congo. Pourtant la récidive y est encore.