Une richesse socio-culturelle du Congo chez Biso na Biso
La maison culturelle « Biso na Biso », créée en 2004, est une institution qui œuvre pour la collecte, la conservation, la vulgarisation et la diffusion du patrimoine audiovisuel du Congo et d’ailleurs. Le public peut accéder à des œuvres audiovisuelles du siècle dernier, grâce aux règles établies par la maison qui prend en ligne de compte les droits d’auteur.
C’est un noble projet que des jeunes diplômés sans emploi exploitent depuis treize ans. Pourtant, ils continuent à demeurer dans l’ombre. Or, « Biso na Biso » se veut un pont sur le passé, une mémoire des temps. Le jazz, le zouk, la rumba, la salsa, le reggae, la musique classique et bien d’autres genres musicaux font la grandeur de cette institution.
On y retrouve encore des platines d’Arletta Franklin, Chuck Berry, Diana Ross, Duke Ellington, Ray Charles, Sidney Bechet. Non sans oublier les nationaux comme Les Mbamina, Rido Bayonne, Biks Bikouta, Jeff Lonna, le gospel négro spirituel, connu autrefois des Perles et des Samouna . Mais le regard de la Maison ne s’arrête pas seulement à la musique.
L’association détient également une vraie mine de pépites. On y trouve des discours qui ont marqué les temps forts de l’histoire du Congo. C’est un vrai « musée », mais qui semble méconnu du grand public congolais, malgré de nombreuses expositions de « Biso na Biso », toujours en partenariat avec l’UNESCO, par exemple, lors de la récente journée internationale du Jazz.
Sur 800.000 platines au départ, les 23 membres de l’association ont reçu d’un aîné, un don de près de 600 disques. Il y a dans les bacs les 78 tours, les 45 tours et les 33 tours. Au fil des années, d’autres dons se sont succédé puis, de bouche à oreille, des échanges se sont faits moyennant un support en retour.
Mais « Biso na Biso » procède aussi par achat des vieilleries auprès de ceux qui en détiennent encore. A côté de ces platines, une multitude d’originaux de supports analogiques et des Disc compact (CD) alimentent la boîte. Ces platines étaient jusqu’en 2014 classées en rang serrés. Les choses seraient certainement plus avancées si seulement un terrible incendie n’avait détruit une bonne partie de la conservation. « Nous sommes en pleine reconstruction. Une renaissance en un mot. Nous avons pu, par la grâce de Dieu, reconquérir un nombre incalculable d’œuvres», a indiqué l’archiviste Jean Basile Massamba, reconnaissant tout de même avoir beaucoup perdu.
Fautes de moyens, les méthodes de conservation de ce trésor sont encore archaïques chez « Biso na Biso » : les disques sont rincés au vin rouge ou à de l’eau simple si ce n’est à de l’eau alcoolisée.