Quel souvenir reste-t-il de Marien Ngouabi ?

Le président Marien Ngouabi, assassiné en plein exercice de ses fonctions le 18 mars 1977, reste présent dans la mémoire de beaucoup Congolais. Mais l’honneur officiel fait à sa mémoire ne porte plus haut, 40 ans après sa mort, son nom comme le troisième président (1969-1977) du pays.

Les infrastructures qui portent son nom  sont par exemple devenues, 40 ans après sa mort, des ruines abandonnées qui ne reçoivent des soins qu’une fois l’an. Au nombre des infrastructures qui portent le nom du président  Marien Ngouabi figure l’université Marien Ngouabi débaptisée en 1971 alors qu’elle s’appelait université de Brazzaville. Le président a enseigné la physique dans cet établissement d’enseignement supérieur.

C’est la première et unique université publique du Congo à ce jour. Près de 35.000 étudiants, venus des 12 départements du Congo étudient dans diverses formations générales et spéciales dispensées par plus de 600 enseignant-chercheurs permanents. Un établissement qui peine à se moderniser et à s’agrandir pour s’adapter à l’augmentation du nombre des étudiants.

Depuis 1971, c’est en 2015 que des amphithéâtres modernes de plus de 15.000 places ont été construits. Cependant certains établissements ressemblent encore à un grand lycée, comme le site qui abrite la faculté des lettres et des sciences humaines. Les campus donnent une image d’une porcherie à cause de l’absence d’entretien des installations.

Après les événements tragiques que le Congo a connus, le mausolée et le musée Marien-Ngouabi n’avaient pas échappé aux destructions occasionnées par cette guerre fratricide. Situés dans l’enceinte de l’état-major des Forces armées congolaises de la résidence de l’ancien président, il ne reste plus que les murs car tous les objets lui ayant appartenu et qui étaient jadis exposés dans cette villa, ont été emportés et pillés lors du conflit. C’est désormais le personnel du musée qui occupe la vaste villa qui fait office de bureau administratif. Mais à l‘extérieur, ils doivent conjuguer avec les hommes en uniforme qui, souvent, ne facilitent pas l’accès à cet endroit. 

Créé en 1981, le musée Marien-Ngouabi, qui a été débaptisé pendant la conférence nationale et porte désormais le nom de musée de l’histoire de la vie politique nationale, et le mausolée national y attenant, constituent l’ensemble du complexe musée et mausolée Marien-Ngouabi.  Des bâtiments qui tombent chaque jour en ruine sans qu’aucune autorité ne songe à y prendre soin.

Aujourd’hui, même la flamme éternelle qui orne l’entrée du mausolée reste rarement allumée contrastant avec l’idée d’avoir fait de Marien Ngouabi un immortel. Le souvenir de Marien Ngouabi s’efface petit à petit dans la mémoire collective des Congolais. Les membres du parti congolais du travail (PCT), parti crée par Marien Ngouabi rejette la responsabilité de l’entretien de ces lieu sur le gouvernement. Pourtant, les membres du PCT sont majoritaires dans toutes les institutions du Congo.

Pourtant, au cours des premières années de pouvoir, Marien Ngouabi entreprend la reconstruction politique de la société congolaise sur le modèle soviétique. En cela, la rupture est nette avec les années Massamba-Debat, dont la référence était la Chine communiste. Les institutions politiques sont remodelées sur le canevas des pays d’Europe de l’Est. La coopération avec, l’URSS, la RDA, la Tchécoslovaquie, la Roumanie et Cuba est renforcée.

Devenu président de la République, Marien Ngouabi avait refusé d’occuper le palais présidentiel habituellement réservé aux présidents, au bénéfice de l’ancien état-major de l’armée française qu’il intégra. Pour un peu plus d’esthétique, le président fit procéder à la réfection des locaux suivants : le bâtiment principal, bâtiment du conseil d’État et du laboratoire, villa Shanghai ; le bureau de madame Céline Ngouabi. Le lieu réservé à l’inhumation, le Mausolée, est situé au bord de l’ancien jet d’eau devant sa résidence officielle. Marien Ngouabi recevait là les membres de sa famille ainsi que les responsables politiques et administratifs.

Sur le plan économique, cependant, il n’y eu aucun bouleversement. Le ton est certes moins convivial vis-à-vis des pays occidentaux, mais leurs intérêts économiques dans l’industrie, le commerce et les services ne sont guère remis en question. Les nationalisations restent limitées et le Congo est toujours demandeur de la coopération technique et des capitaux occidentaux, français notamment. Les sociétés Elf-Congo et Agip recherche Congo sont même créées dès 1969, par association de l’État congolais, minoritaire, avec respectivement la société française ERAP et italienne Agip dans le domaine de la prospection et l’exploitation pétrolière.

Il prend la tête d’un pays d’un million d’habitants, dont l’économie repose sur l’agriculture (vivrière et d’exportation, notamment café et cacao), l’exportation du bois, l’exploitation minière et le transport. Dans ce dernier domaine, ses infrastructures (CFCO, Voie Comilog, Voie fluviale et Port de Pointe-Noire) et sa situation géographique lui permettent de jouer un rôle de transit pour d’autres pays de la sous région (Gabon, Cameroun, Centrafrique, voire Tchad). Le Congo dispose également d’une industrie agro-alimentaire et textile naissante, pour partie privée et pour partie étatique.

Les services publics, quoique modestes, fonctionnent correctement. La corruption a été presque totalement éradiquée par le régime de Massamba-Debat. La situation financière de l’État est saine. Le grand handicap du pays consiste en sa faiblesse en ressources humaines de haut niveau. Le Congo ne dispose que d’une poignée d’universitaires, ingénieurs, juristes ou expert-comptables et de moins d’une centaine de médecins. Cependant, avec un taux de scolarisation de 95 % au primaire, tous les espoirs semblent permis.

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