Le manager du groupe de musique autochtone Ndima, Sorel Eta se dit très satisfait des prestations de son groupe à l’occasion de la tournée culturelle qu’ils viennent d’effectuer en France et en Allemagne. Il déplore cependant les déboires financiers du groupe dus, en grande partie au manque de soutien par les autorités.
C’est au festival de Rudolstadt en Allemagne que le groupe a remporté le plus de succès. « Jamais dans nos tournées on a vu une aussi grande foule venue nous applaudir. Une très longue queue de spectateurs à l’entrée de la salle, alors que nous jouions déjà. Cela nous a impressionnés », témoigne Sorel Eta dans un entretien exclusif à Vox.
Le groupe a démarré sa tournée 2016 par un spectacle dans la ville de Loudun dans l’Ouest de la France. Les musiciens Aka et leurs instrumentalistes ont épaté le public français et certains touristes qui demandé à apprendre les iodles des berceuses Aka et les percussions. Et l’étape de Rudolstadt a été celle de tous les souvenirs. Le groupe a chanté en faisant monter le drapeau congolais. Des CD du nouvel album de Ndima ont y été vendus comme de petits pains. « Nous avons regretté de n’en avoir pas apportés suffisamment. La demande a été très forte après notre concert », indique le manager du groupe.
Sorel Eta se dit frustré par des soucis d’argent. Il déplore le manque de soutien du groupe Ndima par les autorités. Le groupe réalise certaines actions à crédit, et tarde toujours à payer ses dettes. L’ardoise devrait dépasser en cette fin de tournée les 10 millions de francs CFA. Au départ pour la récente tournée en Europe, les autorités ont remis 300.000 francs CFA au groupe dont le plafond des dépenses devrait atteindre les six millions.
Un succès sans argent
Les soucis de dernière minute causés par l’annulation de réservation par la compagnie Ecair a grevé le budget du groupe dont les musiciens étaient à Brazzaville depuis un mois pour les préparatifs. Pendant la tournée, beaucoup d’autres charges se greffent à l’équipe : les guides, les chauffeurs, et les besoins des musiciens comme la cigarette et la boisson. Pas moins de 1000 euros brûlés en deux mois l’année dernière, indique Sorel Eta pour les seules cigarettes.
Le groupe n’a d’ailleurs pas réussi à récupérer tous les CD du dernier album, faute de solder ses dettes en Suisse auprès du producteur. L’agent du groupe qui récupère l’équivalent de 15% sur chaque entrée, en a déjà trop mis, et hésite désormais d’investir dans un gouffre. Pour survivre en Europe lors de cette dernière tournée, Sorel Eta et ses amis ont dû se faire héberger dans les familles d’accueil ou dans les théâtres, aux frais des amis. Une vraie aventure pour les gens qui se pavanent avec les couleurs nationales en France et en Allemagne.
C’est en 2003 que le groupe Ndimba a reçu son premier soutien financier. L’UNESCO consentait de produire le premier album du groupe. Depuis 2012 et sans discontinuer, le groupe a voyagé à travers l’Europe…mais toujours dans la frustration, accusant les autorités de n’avoir pas trop fait pour les autochtones et leur manager. « Mais on ne cesse de m’attaquer partout que je fais de l’argent sur le dos des pygmées. Je suis vraiment déçu, car certains responsables remontent les musiciens contre moi, leur disant toutes sortes d’histoires sur l’argent que je gagnerais copieusement à chaque prestation », déplore Sorel Eta qui a dû se débarrasser de ses deux tableaux Gotène pour faire face aux charges du groupe.
Et pourtant les « petites aides » ne manquent pas. En 2012, l’ambassade de France a contribué à 5.000 euros en terme des billets pour le voyage du groupe en Europe. « Nous n’avons pas toujours besoin du cash. Si les autorités peuvent nous aider dans l’achat du matériel, des billets et autres réservations d’hôtel, cela nous soulagerait énormément », demande le manager du groupe, visiblement déprimé par cette dernière tournée dont le retour des musiciens s’est quasiment fait en catimini.
Mais Sorel Eta n’est pourtant pas prêt à lâcher prise. Il prépare un tournage sur un autre groupe de populations autochtones dans le but d’une étude ethnologique.