C’est la quintessence des conclusions de la mission du Fonds monétaire international (FMI) qui a séjourné du 6 au 14 novembre à Brazzaville, dans le but d’évaluer les termes d’un possible accord avec l’institution financière. Mi-figue mi-raisin dans ses conclusions, le FMI a plutôt exhorté le gouvernement à travailler pour l’amélioration de sa gouvernance, s’il tient toujours à signer.
Le FMI a félicité le Congo pour les efforts fournis dans l’amélioration de sa gouvernance, en reconnaissant beaucoup de failles dans le système financier et économique. Le Congo a en effet publié un rapport sur l’état de sa gouvernance et la perception de la corruption dans le pays, identifiant plusieurs poches de corruption qui pourrissent l’économie nationale. Un courage que le fonds a salué.
Ces efforts du Congo sont pourtant à peine palpables. Le pays sort d’une croissance négative, et qui pourrait s’établir cette année à 1%. La Banque mondiale l’avait fixée à 1,4% contre 2,4% pour la Banque africaine de développement (BAD). Malgré ce chiffre suscitant espoir, le FMI s’attend cette fois-ci à une croissance inclusive, car le Congo a déjà réalisé des croissances proches à deux chiffres, mais qui n’ont servi qu’à la nomenclature économique et non au panier de la ménagère. Pour le FMI, il y a de l’espoir, car le pays pourrait atteindre une croissance de plus de 3% en 2019.
Cette croissance ne sera malheureusement portée que par la production pétrolière, et le pays s’apprête à se satisfaire d’une remontée des cours de l’or noir dès 2019. La société pétrolière Total E&P Congo continue à faire des annonces sur des projets d’exploration et d’exploitation au Congo. Le pétrole a toujours de beaux jours dans le pays, et les autorités espèrent à des prix plus intéressants pour repartir du bon pied !
Le pétrole continue donc à impacter l’économie nationale. La diversification n’est encore qu’un vain mot. Le secteur hors-pétrole peine à décoller et n’influence la vie économique qu’à environ 10%. En plus, le contexte macroéconomique ne permet pas à la jeune entreprise de s’exprimer véritablement. Cette situation implique le ralentissement de l’économie nationale, notamment concernant le secteur hors-pétrole.
Par ailleurs, les autorités ont travaillé à faire baisser les dépenses publiques à 6%. Cette tendance baissière pourrait se maintenir à 20% l’année prochaine, ce qui est loin des objectifs fixés par le gouvernement. Cet impact négatif doit donc être pris en compte dans le budget 2019, selon les conclusions du FMI.
C’est pourquoi le FMI, prévoyant, est venu à Brazzaville, demander déjà, en cette période de confection de budget, de prendre en compte ces éléments. Il faut déjà, à cette étape, un recadrage budgétaire. Les règles de transparence exigent cela.
Le Congo espère conclure avec le FMI un programme de Facilité élargi de crédit (FEC) pour relancer son économie. Ce programme aidera le Congo à revoir à nouveau ses créanciers et à financer certains projets de développement. La dette doit être soutenable, c’est une condition pour pouvoir recevoir de l’aide.
En un mot, le Congo a fait des efforts, mais qui ne suffisent pas. Il faut encore travailler pour améliorer la gouvernance. La balle est donc du coté des autorités pour atteindre les objectifs fixés par le FMI. La déclaration du patrimoine de ceux qui accèdent aux hautes fonctions de l’Etat, la réduction du train de vie de l’Etat, le renforcement de la lutte contre la corruption. Il s’agit d’une série de mesures que le FMI qualifie « d’audacieuses ».
Si le Congo le veut, il signera. Ce n’est pas question de patience, mais de volonté. Il faut appliquer les recommandations du fonds, soumises au Congo depuis 2017. Le conseil d’administration du FMI pourrait ouvrir un dossier pour le Congo. Ce dossier doit peser dans le fond, et attirer l’attention des membres du conseil d’administration.